À quelques jours de la fête de Noël, la capitale est en pleine effervescence. D’une part, la hausse fulgurante des cas de contamination à la Covid-19 induit des craintes. De l’autre côté, tous pensent pareil : les Malgaches n’arriveraient pas à supporter un reconfinement en cette période.
Sur les 8908 tests effectués sur la semaine du 11 au 17 décembre, 1501 ont été positifs. La capitale reste l’épicentre de l’épidémie avec 1138 cas en une semaine. Pourtant, pour la masse populaire tananarivienne, la « crainte de l’épidémie passe largement après la crainte de la famine. » Beaucoup redoutent un éventuel reconfinement qui, pour la majorité, ne sera plus supportable vu leur situation actuelle.
Affronter la Covid-19 ou mourir de faim ?
« Ce n’est plus la maladie qui nous fait le plus peur aujourd’hui, c’est plutôt le fait de mourir de faim », criait une femme qui manifestait il y a une semaine avec les dirigeants de la coalition pour la protection des droits des consommateurs. Un refrain repris par les vendeurs du côté d’Analakely : « Nous ne pourrons plus survivre avec nos conditions financières actuelles. Aussi je préfère largement prendre mes mesures et rester ici à vendre des décorations de noël, plutôt que de me terrer chez moi à stresser sur comment je vais nourrir mes enfants », soulignait Edwige.
Tout comme ces deux femmes, Charles, chauffeur de taxi dans le centre-ville fait remarquer la situation actuelle qu’il vit. « En moyenne, je fais rentrer 15.000 ariary net par jour, mais il y a cependant des jours sans où je rentre bredouille, » indique-t-il. Pour sa part, la meilleure façon d’éviter la Covid-19 tout en assurant son travail c’est de basculer en taxi de nuit. Seul problème : les boites de nuit commencent à fermer et les clients se font rarissimes.
À chacun d’y mettre sa volonté
Pour le chauffeur de taxi, c’est à chacun de prendre ses mesures et de respecter minutieusement les mesures arrière. « Certes, il y a les vaccins, mais à ma connaissance, certaines personnes sont contaminées malgré cela. Mais je pense que c’est à chacun de réellement prendre conscience de l’ampleur de cette pandémie et de s’en protéger », souligne-t-il. Pour Edwige, ce sont plutôt les décoctions traditionnelles et les inhalations qu’elle préfère. « Faute de moyen, je ne peux me permettre d’acheter des gels ou de recourir à d’autres méthodes. Aussi, je fais avec le peu que j’ai », souligne-t-elle. Â
Le directeur de la promotion de la santé auprès du ministère, le docteur Manitra Rakotoarivony, souligne que : « Quoi que l’État prenne comme décision, c’est avant tout à tout le monde d’y mettre de la volonté et de les suivre ».Â
Le bilan risque de grimper
Les faits restent cependant accablants et tendent à se dire que le bilan va s’alourdir encore jusqu’à la fin de l’année. Au 17 décembre, les chiffres sont à plus de 1000 personnes contaminées en une semaine. Mais chaque soir, les lumières du Jardin d’Antaninarenina, celles du Parvis de l’Hôtel de Ville ou la fête foraine du Stade Barea sont bondées de monde. Durant la journée, les marchés d’Analakely, de Behoririka ou encore des 67 Ha restent populeux. En plus de la distanciation qui n’est plus d’actualité, les caches bouches servent pour certains de bracelets.
Nantenaina Rakotoarimanana