La France suit avec beaucoup d’intérêt le processus électoral à Madagascar, indique l’ambassadeur Arnaud Guillois pour sa première rencontre avec la presse malgache.
C’est un Arnaud Guillois prudent qui s’est présenté aux journalistes malgaches ce jour à la Résidence de France pour sa première conférence de presse dans le pays. Il faut dire que le nouvel ambassadeur de France débarque à Madagascar dans un contexte pour le moins délicat aussi bien entre les deux pays que sur le plan politique, avec une présidentielle en ligne de mire.
Le diplomate a pris le soin de bien choisir ses mots pour aborder les sujets épineux du moment. Prudent mais sans équivoque, il a admis le désaccord entre Madagascar et la France sur la question des îles Malagasy/Eparses. « Un désaccord qui n’est pas nouveau, qui est assumé, qui est connu et sur lequel les deux présidents ont décidé de mener une action conjointe fondée sur le dialogue », lance-t-il en ajoutant que les positions respectives sur la souveraineté sont connues. Exit le terme cogestion,  Arnaud Guillois clarifie la position de la France qui table sur un développement commun sur les thématiques de la recherche, de la protection de la biodiversité et de sécurité maritime entre autres. Il fait savoir que la réunion de la commission mixte prévue l’année dernière a été repoussée à la demande de la partie malgache. Malgré cela, il indique que le dialogue n’a jamais été rompu. « C’est la force d’une relation mature de pouvoir regarder en face les sujets de divergences (…) pour essayer de trouver un règlement politique qui permette d’aller de l’avant », estime-t-il. Concédant qu’il s’agit d’un sujet sensible, il déclare que les « îles Eparses ne résument pas l’intégralité de la relation bilatérale ». Autre sujet sensible abordé ce jour, le cas des ressortissants français incarcérés à Tsiafahy dans le cadre de l’affaire Apollo 21 sur lequel l’ambassadeur a d’ailleurs préféré ne pas s’étaler. Il a toutefois dit que la France est attentive à ses citoyens en indiquant assurant la protection consulaire.
Financement
Concernant les élections à venir, l’ambassadeur résume la posture adoptée par la France par « ni ingérence, ni indifférence ». Précisant que le choix du prochain chef de l’Etat appartient aux Malgaches, il souligne que le processus qui s’engage importe à la communauté internationale. « Le bon déroulement des élections dans des conditions optimales est très important. Nous souhaitons que la population malgache puisse exprimer son choix librement et que ce choix soit respecté », déclare-t-il. Sur ce point, il indique que la France travaille avec l’Organisation des nations unies, l’Union européenne et l’Organisation internationale de la francophonie. Il fait savoir d’ailleurs qu’il y a un dialogue permanent entre Madagascar et ses partenaires, un dialogue qu’il qualifie de « confiant et d’exigeant ». Sur la question du financement du processus qui a été soulevée ces derniers jours, il affirme que la France est disposée à étudier toutes les demandes qui seraient faites. Il souligne toutefois que le soutien ne se résume pas au financement. « On participe à des programmes paix, stabilité, gouvernance dans le cadre de la COI (Commission de l’océan Indien). Cela contribue et facilite les élections », ajoute-t-il.
Pour rappel, Arnaud Guillois est en poste à Madagascar depuis fin septembre 2022. Entre temps, il a multiplié les rencontres avec les membres du gouvernement et de la société civile. Il a également effectué plusieurs descentes dans différentes parties de l’île dont notamment au sud. Â
Tolotra Andrianalizah