Le blanchiment d’argent continue de poser un défi majeur à Madagascar, comme le révèle le dernier rapport annuel du Service de Renseignement Financier (SAMIFIN), qui indique qu'une somme de 3 340 milliards d’ariary a été détectée dans l'économie malgache en 2023. Cette révélation soulève des inquiétudes quant à l'étendue du problème dans le pays.
Le directeur général du SAMIFIN, Mamitiana Rajaonarison, a mis en lumière l'ampleur du phénomène, soulignant une lacune significative dans la supervision des entités financières. De nombreux secteurs, notamment les casinos, les cabinets d'experts-comptables, les agences immobilières, les notaires et les huissiers, échappent encore à une surveillance systématique, rendant difficile l'évaluation précise de la situation.
Pour remédier à cette lacune, des mesures sont actuellement mises en œuvre. Le renforcement de la supervision et la création d'un registre central des bénéficiaires effectifs font partie des initiatives visant à améliorer la détection des opérations de blanchiment d'argent. Toutes les sociétés nouvellement créées sont désormais tenues de fournir des informations sur leurs bénéficiaires effectifs, facilitant ainsi la traçabilité des flux financiers suspects.
Malgré ces défis, Madagascar montre des signes de progrès dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. La note du pays selon l'indice AML de Bâle est passée de 7.59 à 7.43, reflétant une légère amélioration, et Madagascar a également amélioré son classement mondial.
Le directeur général indique toutefois que Madagascar n’est pas pour autant dans une mauvaise situation. « C’est normal si nous constatons une hausse parce que nous sommes en train d’améliorer la détection. Lorsque la détection sera bien en place, ce sera une dissuasion. C’est pour cela que nous prévoyons une baisse à partir de 2025 », indique-t-il.
Cependant, les risques de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme demeurent supérieurs à la moyenne mondiale, soulignant l'urgence de renforcer les mécanismes de surveillance et de mettre en œuvre des mesures dissuasives efficaces. Selon Mamitiana Rajaonarison, une fois que les mesures de détection seront pleinement opérationnelles, une diminution significative du blanchiment d’argent est à prévoir à partir de 2025.
Tolotra Andrianalizah