Une nouvelle approche sera adoptée dans la relation de coopération entre Madagascar et le Japon. Voilà l’un des points évoqués lors de la visite de la ministre japonaise des Affaires étrangères.
En plus de soixante ans de relation diplomatique, jamais un ministre des Affaires étrangères japonais ne s’est rendu à Madagascar. C’est désormais chose faite à quelques mois de la réunion ministérielle de la TICAD à Tokyo au mois d’aout. Yoko Kamikawa s’est ainsi dite honorée d’être la première. Ce weekend elle a notamment été reçue par son homologue Rafaravavitafika Rasata et le président de la République Andry Rajoelina. La ministre a parlé d’un nouveau cadre de coopération entre les deux pays baptisé « Co-creation for common agenda initiative ». C’est la nouvelle approche que le Japon entend mener dans sa relation avec les pays en développement.
Comme son nom l’indique, l’accent sera mis sur le dialogue et la collaboration dans le but d’avoir une relation gagnant-gagnant. D’après les explications apportées par la délégation japonaise, le Japon souhaite recadrer sa politique d’aide au développement, passant d’une relation donateur-bénéficiaire à une relation de coopération mutuelle. L'initiative permet au Japon de proposer des projets aux pays en développement, marquant une rupture avec le système actuel selon lequel l'aide est fournie à la demande des pays bénéficiaires. Toujours d’après les explications, Tokyo entend concentrer les discussions autour de domaines qu’il juge pertinents face aux défis actuels dont le changement climatique, le renforcement des chaines d’approvisionnement notamment les produits miniers, la diversification et la création de nouvelles industries et la digitalisation. En somme, l’idée pour le Japon est d’associer son propre développement à celui de ses pays partenaires.
Le cas Ambatovy
La visite a aussi permis à la ministre japonaise d'aborder la vision FOIP (Indo-Pacifique libre et ouvert) de son pays, où Madagascar occupe une position géographique importante. La ministre de souligner que maintenir et renforcer des océans libres et ouverts, soutenus par un ordre fondé sur l'État de droit, représente un défi commun pour les deux pays. Elle réaffirme que Madagascar est un partenaire essentiel dans la promotion de cette vision, qui a été évoquée pour la première fois lors de la TICAD 6 (6ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique) à Nairobi.
Enfin, le cas du projet Ambatovy a été naturellement évoqué d'autant plus que l’entreprise figure parmi les entreprises qui réclament le remboursement de crédits TVA alors qu’elle fait face à un cours du nickel au plus bas ces derniers mois. Pour rappel, l'ambassadeur Koji Abe avait déjà souligné lors de la réception pour la fête nationale du Japon qu’Ambatovy a besoin du soutien de l'État. Dans le communiqué de presse de la délégation japonaise après la rencontre entre Yoko Kamikawa et son homologue malgache, Rafaravavitafika Rasata, il est mentionné que les deux pays ont confirmé leur intention de continuer à coopérer pour garantir le bon fonctionnement du projet. Avant de partir pour la Côte d'Ivoire, la ministre a été reçue par le président de la République, Andry Rajoelina, ce dimanche. Ce dernier a exprimé son souhait de coopérer avec les parties concernées à cet effet. La ministre japonaise souligne l’importance du projet pour Madagascar et pour le Japon. Â
Tolotra Andrianalizah