Comment s'assurer que l'exécution du budget de l'État améliore réellement le quotidien de la population ? C'est la question à laquelle des OSC tentent de répondre dans leur rôle de suivi de l’exécution budgétaire. Dans cette optique, ces organisations ont bénéficié d'une formation de trois jours, animée par des techniciens de l'International Budget Partnership (IPB).
Un budget bien rédigé ne suffit pas à transformer la vie des citoyens. Son exécution effective est primordiale. À Madagascar, la société civile exprime une inquiétude croissante face au décalage entre les décisions budgétaires et leurs impacts tangibles sur le quotidien de la population. Pour pallier cette situation, des organisations malgaches collaborent avec l’International Budget Partnership (IBP), un organisme international œuvrant pour la transparence budgétaire dans divers pays.
Dans ce contexte, une formation axée sur l’exécution budgétaire s’est récemment déroulée au Carlton Anosy. L’objectif principal étant de renforcer le plaidoyer en faveur d’une budgétisation ouverte et d’une participation citoyenne. Cette initiative met l'accent sur la phase cruciale de la mise en œuvre effective du budget ou l’exécution budgétaire, souvent éclipsée par les étapes de sa conception ou de son adoption par le parlement.
Pourtant, la réalité de l'exécution budgétaire soulève des interrogations. Selon Harijaona Andriamoraniaina, directeur exécutif de Msis Tatao, participant à la formation, « Une loi de finances bien pensée peut rapidement perdre sa pertinence si elle est ensuite modifiée sans une consultation appropriée. » Il souligne ce qui s’est produit avec la loi de finances initiale, qui, malgré des promesses, notamment dans le secteur de l’éducation, a subi une rectification budgétaire aux conséquences importantes.
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Le directeur exécutif précise également que « durant les trois à six premiers mois de l’année, l’exécution budgétaire demeure très faible. Actuellement, les dépenses de fonctionnement sont principalement engagées. Depuis plusieurs années, le budget alloué à la JIRAMA a été revu à la hausse, entraînant des réductions dans d’autres secteurs. Paradoxalement, les coupures d’eau et d’électricité persistent. Cela illustre clairement la nécessité d’améliorer les méthodes de mise en œuvre, car les décisions prises ne se traduisent pas encore par un impact visible sur le terrain. »
Face à des recettes insuffisantes pour couvrir les priorités établies, l’État se retrouve contraint de faire des choix difficiles. D’où l’appel à initier sans tarder les discussions concernant les priorités du budget 2026. À cet égard, l’exemple du Bénin a été évoqué, mettant en lumière des progrès possibles lorsque les recommandations sont réellement prises en compte. Depuis 2017, ce pays a considérablement progressé en matière de transparence budgétaire. « À l’époque, son score était comparable au nôtre. En suivant les recommandations de l’IBP, il a atteint aujourd’hui une note de 79 sur 100. Madagascar, quant à elle, est passée de 40 à 35. Là -bas, les budgets sont mieux exécutés, et cela se reflète dans la vie quotidienne des citoyens », illustre Djibril Badiane, chef de programmes au sein d’IBP.
Après les trois jours de formation, ces organisations de la société civile vont se pencher sur d’autres séries d’enquêtes. Des recommandations seront ensuite formulés à l’attention du pouvoir exécutif afin de rendre plus transparente et plus responsable le budget mais aussi pour plus de participation citoyenne dans l’exécution du budget. Harijaona Andriamoraniaina avance néanmoins que Madagascar semble encore hésiter à intégrer pleinement les recommandations formulées depuis des années, entraînant une application lente, voire inefficace, du budget.
Ravo Andriantsalama