Malgré des relations bilatérales apparemment sereines, un désaccord persiste entre Madagascar et la France sur des dossiers sensibles tels que la restitution des îles Éparses et une potentielle coopération bilatérale pour l'exploitation des minerais stratégiques et des terres rares. Les positions des deux nations divergent nettement sur ces deux points.
« Madagascar n’a jamais cessé de réclamer la restitution de ses îles. Il n’existe aucun accord de coopération entre notre pays et la France concernant les minerais stratégiques et les terres rares », a déclaré la ministre des Affaires étrangères (MAE), Rasata Rafaravavitafika, ce matin lors de la présentation du bilan de la visite d’État du président français Emmanuel Macron et du sommet de la Commission de l’océan Indien (COI) qui s'est tenue dans les locaux du MAE à Anosy. Ces propos marquent une claire opposition de la Grande Île face aux ambitions françaises sur ces questions d'actualité : la problématique des îles Éparses et la volonté exprimée par la France d'établir un partenariat bilatéral pour la valorisation des minerais stratégiques et des terres rares.
En effet, lors de leur rencontre au palais d’Iavoloha la semaine précédente, le chef de l’État français avait affirmé : « Nous sommes convaincus de la possibilité d'un partenariat dans le domaine des terres rares et des minerais stratégiques. Nous pouvons développer des filières pour les valoriser. » En réponse, la cheffe de la diplomatie malgache a clarifié qu'il s'agissait uniquement d'un souhait, soulignant l'absence de concrétisation et de coopération actuelle dans ce secteur entre les deux pays. « L’État français, par la voix de son président, a simplement exprimé un désir. Cette question n'était d'ailleurs pas à l'ordre du jour de la rencontre entre les deux chefs d’État. L'expression d'un souhait ne saurait signifier l'existence d'un partenariat entre nos deux nations », a insisté la ministre ce matin.
Souveraineté
Concernant les îles Éparses, Madagascar et la France maintiennent également un désaccord sur la question de la souveraineté. Emmanuel Macron privilégie une cogestion, tandis que la partie malgache continue de plaider pour une restitution pure et simple. Lors de sa visite au centre Akamasoa Andralanitra jeudi dernier, le président français avait déclaré qu'il était possible de « les gérer ensemble, dans un esprit de bonne intelligence. Ces îles Éparses ne doivent pas être un sujet de discorde entre Madagascar et la France. » Interrogée sur ce point ce matin à Anosy, Rasata Rafaravavitafika a affirmé que la Grande Île n'a jamais renoncé à sa demande de restitution de ces îles. Selon elle, « la résolution 1514 des Nations unies stipule clairement que toutes les terres incluses dans le territoire national de chaque pays colonisé ayant accédé à l’indépendance doivent être restituées. Madagascar n’a jamais cessé de demander la restitution de ses îles. »
Pour rappel, le différend entre les deux pays au sujet de ces îles porte essentiellement sur la question de la souveraineté. Mercredi dernier, lors de son entretien avec son homologue français, le président Andry Rajoelina avait annoncé la tenue d'une deuxième session de la commission mixte. Selon ses termes, « Madagascar et la France sont déterminés à travailler ensemble pour trouver une solution à cette question. Nous avons d'ailleurs convenu d'un commun accord de la tenue de la deuxième session de la commission mixte bilatérale entre nos deux pays le 30 juin prochain à Paris. »
Ravo Andriantsalama
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