La déclaration du colonel Patrick Rakotomamonjy ne laisse pas l’opinion indifférente. Le premier ministre et le président de la République quant à eux reste évasif sur le sujet.
Ni le président de la république, ni le premier ministre, n’ont donné des explications claires sur la déclaration explosive du colonel, dénonçant des abus, trafic d’influences et corruptions au sein du centre hospitalier de Soavinandrina (Cenhosoa), au sein de l’armée et même dans la machine électorale. Dans la vidéo, il a mentionné plusieurs hauts gradés au sein de l’armée et un homme d’affaires, comme à l’origine de ces malversations. Interrogé à ce sujet ce matin à sa sortie de la salle de réunion de l’Assemblée nationale à Tsimbazaza, le Premier ministre a préféré botter en touche. « Le ministère des Forces armées a déjà donné une réponse à cette question. Deuxièmement, concernant tous les noms qu’il a cités dans sa vidéo, une enquête approfondie est en cours », a-t-il déclaré.
En effet, dans sa déclaration, le colonel a interpellé le patron de l’administration sur le fait qu’il y a des hauts fonctionnaires, civils et militaires qui sont corrompus au sein du ministère des forces armées, du Cenhosoa ainsi qu’à la polyclinique d’Ilafy. Il pointe du doigt le ministre des forces armées, le général Lala Monja Sahivelo qui pour lui fait du favoritisme. Il en est de même pour le président de la République. Ce dernier, qui, lui non plus n’a voulu donner de réponses précises sur cette question. Lors d’une apparition sur la chaîne nationale dimanche dernier, Andry Rajoelina avait esquissé une réponse évasive sur le sujet. Selon lui, il n’était pas encore informé des détails de l’affaire, mais avait simplement demandé de libérer la femme du colonel, arrêtée dans le cadre de cette affaire.
Indépendance
Très vite, le procureur de la République a procédé à la libération provisoire de la prévenue hier. Le ministère de la Justice a souligné dans un communiqué affirmant que la justice avait agi en toute indépendance.
La société civile a également réagi, en demandant des réponses concernant ces dénonciations. Dans le courant de la journée de lundi, Transparency international initiative Madagascar (TI-MG) publie un communiqué demandant l’ouverture d’une enquête immédiate, sérieuse, indépendante et transparente sur l’affaire par les autorités compétentes. L’organisation demande en parallèle la protection des personnes qui contribuent à mettre en lumière ces soupçons qui sont graves. TI-MG demande également des sanctions exemplaires pour les agents hauts placés qui profitent injustement de leurs positions.
De son côté, le président du Sénat, le général à la retraite Richard Ravalomanana dénonce une manipulation politique dans l’affaire. Il a également pris la défenses des gendarmes qui sont également cités dans la déclaration du colonel en cavale.
Pour rappel, alors directeur technique adjoint à l'Hôpital Militaire de Soavinandriana, le colonel Patrick Rakotomamonjy a été arrêté, accusé d’avoir posé un cocktail Molotov dans un centre commercial. Pendant sa garde à vue, il s’est évadé de sa cellule et a commencé à faire ses déclarations alors qu’il est en cavale.
Il a dénoncé des problèmes au sein de l’administration de l’hôpital et d'autres institutions. Il avait notamment évoqué des pressions politiques, des ordres injustes et des malversations financières impliquant la Polyclinique d'Ilafy et des personnalités hautement placées. En réponse, les autorités militaires au sein du ministère et la direction de la polyclinique ont formellement démenti les accusations du colonel Rakotomamonjy. Ils envisagent même des poursuites judiciaires pour diffamation.
Ravo Andriantsalama