Après quelques instants de confusion, le mouvement Mai 1972, ou « Hetsika May 1972 », a finalement pu déposer des gerbes sur la place du 13 Mai, avenue de l’Indépendance. Cet acte visait à honorer la mémoire des victimes de cette journée sanglante et à perpétuer la lutte de l’époque contre le système néocolonial.
13 mai 1972 – 13 mai 2025. Cinquante-trois ans séparent ces deux dates, mais la lutte initiée par les étudiants en médecine de l’université d’Antananarivo se poursuit encore aujourd’hui. C’est ce qu’ont affirmé ce matin les membres de l’association « Hetsika May 1972 » sur l’avenue de l’Indépendance, où ils ont, comme de coutume, déposé des gerbes sur la place du 13 Mai. Cette année, la cérémonie a été légèrement perturbée par l’intervention des forces de défense et de sécurité, qui ont cherché à réguler l’accès des citoyens à la place.
Un officier de la gendarmerie, mobilisé sur le lieu, a expliqué aux dépositaires que le problème ne résidait pas dans le dépôt de bouquets par l’association, mais dans la nécessité de procéder par groupes de vingt personnes. Une condition que les membres de l’association ont refusé de respecter. Le désordre a duré plusieurs minutes, mais les membres ont finalement pu effectuer leur dépôt de gerbes. Ils affirment pourtant avoir reçu l’autorisation de la préfecture. Selon Félix Rajoarison, alias Rainidina, membre de l’association, « Nous avons fait une demande d’autorisation à la préfecture de la ville et elle nous a autorisés à déposer des gerbes sur la place du 13 Mai. Aucune contrainte n’a été évoquée. Il n’a jamais été question d’interdire les banderoles ou de limiter le dépôt de bouquets à seulement 20 personnes. »
Néocolonialisme
Finalement, la confusion n’a pas causé de dommages et l’événement a pu se dérouler. Selon le « Hetsika 1972 », la lutte qu’ils ont entamée au premier semestre de l’année 1972 n’est pas encore terminée, compte tenu de la situation actuelle du pays. « Les structures coloniales sont toujours présentes et on constate même une intensification. Toutes les banques et entreprises sont majoritairement françaises. Nous sommes toujours une colonie française. C’est dur, mais c’est la réalité ! Nous lançons un appel aux jeunes : levez-vous face à la situation actuelle du pays », a poursuivi Raindina.
Pour eux, le système néocolonial qu’ils combattaient en 1972 persiste jusqu’à aujourd’hui, justifiant la continuation de leur combat. Raindina a ajouté : « Nous sommes ici pour commémorer nos morts, et nous le faisons depuis plus de trente ans avec feu Maître Willy Razafinjatovo. Nous avons lutté lors des événements de 1972. Nous nous sommes battus pour une réforme du système éducatif français. Pourtant, cela persiste actuellement. C’est la raison pour laquelle nous déclarons que la lutte continue. »
Pour rappel, le 13 mai 1972 a été un tournant majeur de la vie politique de Madagascar, marquée par une importante mobilisation étudiante et populaire, violemment réprimée par le pouvoir en place. Ces événements ont profondément ébranlé le régime du président Philibert Tsiranana et ont directement conduit à son remplacement par un directoire militaire quelques jours plus tard.
Ravo Andriantsalama