À peine entamée la session ordinaire au Parlement, la tension monte déjà à l'Assemblée nationale. Convocations de ministres, rumeurs de motion de censure et perspectives d'un face-à -face avec l'Exécutif cristallisent le conflit entre les députés de l'opposition et le bureau permanent de la Chambre.
Le bras de fer s'intensifie. Deux semaines seulement après la rentrée parlementaire, le climat se tend de plus en plus à l'Assemblée nationale entre l'opposition et le bureau permanent. Si de nombreux désaccords les opposent, la convocation par les députés de l'opposition de trois ministres clés – ceux de l'Économie et des Finances, des Affaires Étrangères, et de l'Environnement et du Développement Durable – constitue la pierre angulaire de cette confrontation.
Depuis la semaine dernière, les parlementaires du Firaisankina ont déclaré avoir convoqué ces trois ministres pour obtenir des réponses sur des questions financières et d'investissement. Le député de Betioky, Jean Jacques Rabenirina, affirmait en fin de semaine qu'une requête avait même déjà été déposée auprès du bureau permanent. « Soit le bureau permanent cherche une échappatoire, soit il protège l’Exécutif. Mais on a déjà déposé la liste des ministres à convoquer. Si cela n’arrive pas, c’est le président de la Chambre qui n’a pas fait son travail », a fustigé le parlementaire.
Quelques heures avant cette déclaration, le président de la Chambre, Justin Tokely, affirmait pourtant le contraire. Selon lui, l’Assemblée nationale a déjà un ordre du jour établi, et pour l'instant, aucune convocation des trois ministres précités n'y figure. Il a précisé qu'« on va adopter un nouvel ordre du jour vers la fin du mois. C’est là qu’on pourrait débattre de nouveaux sujets, mais jusqu’à maintenant, on a un ordre du jour et aucune convocation de ministres n’y est inscrite. De plus, le fait que l’opposition puisse choisir une thématique à débattre lors de cette session ne se traduit pas obligatoirement par la convocation de ministres. Ils peuvent proposer un thème et on va débattre de cela avec eux. »
Face-Ã -face
Par ailleurs, d'autres sujets brûlants intensifient ce différend. En premier lieu, les rumeurs persistantes concernant une possible tentative de motion de censure contre le gouvernement du Premier ministre Christian Ntsay. La semaine dernière encore, le député élu dans le district de Tana III, Gascar Fenosoa, affirmait avoir été approché par certains députés de la coalition pour la majorité présidentielle (IRMAR) au sujet d’une éventuelle motion de censure. Jusqu’à présent, aucune pétition ni collecte de signatures n’a été lancée au sein de la chambre basse de Tsimbazaza.
Finalement, motion de censure ou non, une rencontre entre le gouvernement et les députés semble se profiler pour les 12 et 13 juin prochains. Bien que rien ne soit encore décidé, le prochain ordre du jour ne devant être voté que vers la fin du mois selon les dires de Justin Tokely, les députés, tant de l’IRMAR que de l’opposition, se disent impatients de rencontrer les ministres afin de leur demander des comptes.
Ravo Andriantsalama