Prévue pour ce jour, la séance de l’Assemblée nationale consacrée à l’ordre du jour proposé par l’opposition a été reportée à une date ultérieure. Les députés de l’opposition dénoncent plusieurs transgressions de la loi par le bureau permanent, qu'ils accusent de ne pas avoir transmis des convocations ministérielles et d'avoir reporté la séance.
« Si le bureau permanent ne veut pas le faire, on fera office de garant de la loi à l’Assemblée nationale. On sera un modèle pour nos pairs. » Ces mots, prononcés par la députée élue dans le district de Tana I, Hanitra Ravelomanantsoa, ce matin dans la salle du bureau permanent de l’Assemblée nationale à Tsimbazaza, témoignent de la colère de l'opposition face au report de la séance. Plus tôt dans la matinée, la séance était encore inscrite sur le tableau des ordres du jour de la Chambre. Quelques minutes plus tard, les inscriptions ont été effacées et remplacées par une mention de report.
Vers 10h30, les députés du Firaisankina se sont réunis et ont tenu une conférence de presse dans la salle du bureau permanent pour expliquer la situation. Selon eux, le report de la séance constitue une transgression non seulement du règlement intérieur de la chambre basse, mais surtout de la Constitution, dont l'article 102 alinéas 2 et 3 stipule qu’« une séance par quinzaine au moins, y compris pendant les sessions extraordinaires prévues à l'article 76, est réservée aux questions des membres du Parlement et aux réponses du Gouvernement. Trois jours de séance par mois sont réservés à un ordre du jour arrêté par chaque Assemblée à l'initiative des groupes d'opposition de l'Assemblée intéressée ainsi qu'à celle des groupes minoritaires. » Il est à noter que les moyens d’actions du parlement à l’égard du gouvernement incluent la question orale, la question écrite, l'interpellation et la commission d'enquête.
Face-Ã -face
De son côté, le bureau permanent de l’Assemblée plaide que la séance dédiée à l’opposition ne signifie pas obligatoirement une convocation de ministre. Le rapporteur général de la chambre basse, Philobert Milavonjy, avance que la séance n’a pas lieu d’être si son seul objectif est de convoquer des ministres. Selon lui, le face-à -face prévu les 12 et 13 juin prochains représente déjà une opportunité pour tous les députés de poser des questions aux membres du gouvernement, rendant ainsi la convocation spécifique de certains ministres par l’opposition non nécessaire.
C’est précisément ce point de vue que la plateforme Firaisankina conteste. Hanitra Ravelomanantsoa insiste sur la distinction entre le face-à -face et l’interpellation, telle que prévue par l’article 102 de la Constitution. Le chef de l’opposition et septième vice-président de l’Assemblée nationale, Siteny Randrianasoloniaiko, a également fait savoir qu’ils n’avaient été informés du report de la séance d’aujourd’hui que par un SMS reçu tard la nuit dernière, envoyé par un chef de service de la Chambre.
De plus, les députés de l’opposition expliquent que la tenue de ce fameux face-à -face demeure incertaine jusqu'à présent. Cela dépendra du nouvel ordre du jour que les parlementaires voteront vers la fin de ce mois. Pour rappel, la rencontre avec le gouvernement suscite régulièrement des débats à chaque session parlementaire en raison de la réticence de l’équipe gouvernementale à affronter les députés. Il fut même un temps où les ministres avaient proposé de ne répondre qu'aux questions orales des députés, ce qui avait bien évidemment choqué la plupart des parlementaires de la chambre basse.
Ravo Andriantsalama