« Ça suffit ! Il faut arrêter de prendre le peuple en otage. » Ces mots forts ont été prononcés par le président de la République, Andry Rajoelina, hier soir lors de son intervention à la chaîne nationale. Le président a reconnu que le trafic de carburant, destiné aux centrales de la JIRAMA, est une des causes majeures des coupures de courant. Il a annoncé en direct la traque des individus responsables de ces malversations.
Vêtu d'un costume sombre et d’une cravate noire, troquant sa traditionnelle cravate orange habituel pour marquer le deuil des récentes intoxications alimentaires, le locataire d'Iavoloha n'a pas mâché ses mots. Lors de son intervention au journal du soir de la chaîne nationale, il a fermement condamné ceux qu'il a désignés comme les « preneurs d’otage de la population ». « Il existe un réseau qui a pour but de détruire la JIRAMA et cela peut engendrer un désastre », a-t-il affirmé.
Pour illustrer l'ampleur du problème, Rajoelina a pris l'exemple de Mahajanga. Le Président a affirmé que les coupures prendraient fin si tout le carburant expédié de Toamasina arrivait à bon port. « Nous avons fait des comparaisons par rapport aux années précédentes, et le résultat est étonnant. Nous avons augmenté le volume de carburant à envoyer à Mahajanga, pourtant les délestages s'intensifient. Ce n'est pas logique », s’est étonné Andry Rajoelina.
Le chef de l'État a annoncé que des enquêtes approfondies seront menées sous peu. Ces investigations seront conduites collectivement par plusieurs institutions étatiques et le système anti-corruption, incluant notamment le BIANCO. Des enquêtes préliminaires ont déjà révélé que seuls quarante-trois des cinquante-trois camions citernes sont arrivés à Mahajanga cette année. Andry Rajoelina a précisé : « Les dix camions se sont donc volatilisés, et cela affecte directement la production de la JIRAMA ainsi que le quotidien du peuple. »
100 millions de dollars pour l’énergie solaire
Afin de répondre malgré tout au besoin d’électricité de la population, le président de l'État a proposé une solution technologique immédiate. Selon lui, un outil permettant de surveiller le volume de carburant injecté et utilisé par les machines sera installé pour contrôler le flux des carburants. A part les contrôles de routine assurés par les personnels.
Parallèlement, la solution de l’énergie renouvelable demeure une piste que le chef d’État compte explorer activement. Il a annoncé l'installation de centrales d’énergie solaire d’une puissance de 100 mégawatts avant la fin de l’année. Interrogé sur le financement de ce projet, il a expliqué que la Banque Mondiale a accordé une aide budgétaire de cent millions de dollars, et que la totalité de ces fonds sera allouée à l’installation des parcs solaires à travers l’île pour atteindre les objectifs fixés.
Néanmoins, en l’attente de la concrétisation de ces promesses, les mois à venir risquent d’être encore plus difficiles en termes de coupures de courant pour les grandes villes, et surtout pour la capitale. « Les délestages s'intensifient pour Antananarivo, alors qu’en ce moment, nous avons en principe encore de l’eau. Pourtant, la période d’étiage, n’est censée commencer que vers les mois de septembre ou octobre, et c’est à ce moment que l’on devrait vraiment s’inquiéter des coupures », a expliqué Andry Rajoelina, une manière discrète d'informer la population que les coupures persisteraient jusqu'à ce que les solutions soient opérationnelles.
Ravo Andriantsalama