Transparency International Initiative Madagascar (TI-MG) a récemment publié les résultats de son baromètre de la corruption dans la santé (B-Corsan 2023). Cette étude met en lumière non seulement les expériences des usagers et du personnel de santé, mais aussi les facteurs qui les poussent parfois à recourir à des pratiques de corruption.
Trop de manques. Du côté du personnel médical, plusieurs facteurs expliquent ces dérives, selon TI-MG. L'organisation pointe du doigt des salaires trop bas, le manque d’équipements, des conditions de travail précaires, mais aussi un comportement cupide et/ou opportuniste de certains agents. Tout le personnel médical est concerné : médecins généralistes ou spécialistes, sages-femmes, infirmiers, pharmaciens, et même les stagiaires.
Le népotisme et le favoritisme sont également des pratiques fortement dénoncées, comme l'explique Gérald Pruvot Andriamananjara, chargé de projet en santé chez TI-MG. Selon lui, « Le népotisme et le favoritisme sont les plus récurrents. Les gens font appel au népotisme quand ils ne veulent pas faire la queue dans un établissement sanitaire. Il y a aussi les pots-de-vin : les gens glissent de l'argent dans leur carnet pour éviter de faire la queue. Une autre forme de manifestation de corruption dans le secteur de la santé est aussi l’augmentation injustifiée des prix des services et des médicaments dans les Centres de Santé de Base (CSB). »
Analphabétisme             Â
Autre constat alarmant, l'analphabétisme de certains usagers favorise ces pratiques, surtout dans les zones rurales. TI-MG a mené cette étude auprès de plus de 4 700 usagers et 707 personnels de santé, issus d'établissements de santé publics répartis dans 18 districts, en zones rurales et urbaines.
Gérald Pruvot Andriamananjara note d'ailleurs une différence dans la manifestation de la corruption entre ces deux milieux : « On constate un niveau élevé de prévalence de corruption en milieu urbain qu’en milieu rural. Car en milieu rural, bon nombre d’établissements sanitaires travaillent avec des ONG ou des associations. Ces collaborations incitent à la diminution de la corruption car les établissements sanitaires sont plus surveillés. En ville, c’est plus difficile car les usagers ont peur des représailles et des critiques. »
En conclusion, TI-MG propose huit axes de recommandations pour garantir l’intégrité dans le quotidien des soins. L’association préconise, entre autres, la formation des agents de santé et la mise en place de canaux de dénonciation sûrs, afin de lutter efficacement contre ces pratiques.
Ravo Andriantsalama et Salohy Rollande