Le procès a eu lieu. Mais le principal plaignant, lui, ne s’est pas présenté. Fernand Cello, journaliste et lanceur d’alerte, a comparu ce matin au tribunal d’Anosy Antananarivo. Un face-à -face avec la justice. Mais pas avec son accusateur.
Durant une heure d’audience, l’avocat du prévenu, maitre Santa Navalona Rajaonarison, n’a pas mâché ses mots. « Vous ne vous êtes pas présenté au parquet, ni à l’audience. Pour nous, c’est une violation du principe contradictoire. » L’absence du directeur général de l’École de l’Administration pénitentiaire laisse un goût amer. Pour rappeler les faits, l'origine de l'accusation découle d’une publication que Fernand Cello a partagée sur son compte Facebook. Dans celle-ci, il avait interpellé la ministre de la Justice à propos des soupçons de corruption et de favoritisme autour du concours d’entrée à l’administration pénitentiaire. Il a alors demandé des comptes.Â
Le plus étonnant, c’est que le plaignant lui-même avait reconnu certaines irrégularités. C’était le 19 mai, sur Facebook toujours. Il avait tenté de justifier mais n’a fait aucun démenti officiel jusqu’à ce jour. Au total, quatre chefs d’inculpation pèsent aujourd’hui sur Fernand Cello. Trois ont été regroupés dans un seul dossier : atteinte à la sûreté de l’État, infraction en ligne, violation du Code de la communication médiatisée. Un quatrième volet reste en instruction.
Maitre Rajaonarison dénonce aussi les conditions de détention. Selon lui, « même son arrestation s’est accompagnée de traitements dégradants. Les conditions carcérales étaient également assez dures. » Le jugement est attendu mardi prochain. Le feuilleton judiciaire continue. Mais le silence du plaignant commence, lui, à faire du bruit.
Ravo Andriantsalama