Insuffisance alimentaire, malnutrition... Lors d'un atelier organisé ce matin, Remapsen Mada (Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l'Environnement) en collaboration avec l'ONG HAFA, a mis en lumière les problématiques alimentaires des enfants et de la population malgache en général. Les chiffres sont alarmants : 47% des enfants malgaches de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique avec un retard de croissance, un défi immense qui dépasse la simple question de la quantité.
Manger à sa faim ne rime pas toujours avec manger sainement. En milieu urbain comme en milieu rural, la malnutrition infantile sévit. Sarah Henintsoa, directrice exécutive de l'ONG HAFA, insiste sur un point crucial : il ne suffit pas de manger pour être rassasié ; l'essentiel est de manger sainement pour éviter la malnutrition. « Des fois, on pense qu'être rassasié suffit. Non, on peut manger de la "malbouffe", avoir le ventre plein sans avoir les nutriments nécessaires au développement du corps d'un enfant », explique-t-elle, déconstruisant une idée reçue.
Si la situation en milieu rural n'est pas identique, les enfants y sont également confrontés à ce problème de malnutrition. Bien que les habitants des campagnes aient, en principe, accès à des aliments biologiques en abondance, le problème réside souvent dans les techniques de cuisson. « Le fait de ne pas savoir comment bien préparer les aliments peut aussi être une source de malnutrition », poursuit la directrice exécutive. La méconnaissance des bonnes pratiques culinaires peut donc annuler les bienfaits des produits frais.
Éducation et conscientisation
Au-delà des missions de plaidoyer, les associations, ONG et organisations de la société civile se sont donné pour mission d'éduquer sur les aliments à consommer et à privilégier, ainsi que de sensibiliser à l'importance des aliments les plus sains. « On fait surtout de l’éducation parentale pour qu’ils comprennent ce qui se passe réellement. On s'efforce de les réunir pour les informer des bonnes pratiques culinaires. Nous le faisons également dans les écoles pour conscientiser les élèves sur ce qu’ils doivent manger lors des goûters ou dans les cantines scolaires. Nous allons même faire un plaidoyer auprès des industries productrices d'aliments pour qu’elles puissent voir quels aliments les Malgaches doivent consommer pour rester en bonne santé », conclut la directrice exécutive, soulignant une approche globale, du foyer à l'industrie.
De son côté, Marcelle Dominique Raveloarinanja, conférencière chez Mentor ECCE (Education, civisme, citoyenneté et environnement) se concentre également sur l’éducation parentale pour garantir une nutrition saine aux enfants. « On fait également de l’éducation pour les enfants qui ont plus ou moins une autonomie financière pour acheter leurs goûters. Le but est de les aider à consommer des aliments plus sains », avance-t-elle. Selon ses explications, l'une des familles accompagnées et conseillées par l'ECCE est même devenue entrepreneure, lançant un commerce d’aliments sains comme les yaourts.
D'après ces deux expertes, la pauvreté demeure la première cause de la malnutrition des enfants malgaches. Néanmoins, il est aussi constaté que des ménages disposant de moyens financiers ne savent pas toujours quels aliments manger pour rester en bonne santé, ni comment cuisiner sainement les repas. Un défi complexe qui appelle à des solutions multidimensionnelles.
Ravo Andriantsalama