Les épreuves du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) ont débuté ce lundi dans tout le territoire de Madagascar. Parmi les près de 300 000 candidats inscrits à cette session 2025, une catégorie particulière se distingue : de jeunes détenus, répartis dans différents centres pénitentiaires du pays, qui s'accrochent à l'espoir d'un avenir meilleur par l'éducation.
Seconde chance. D'après les statistiques publiées par le ministère de l’Éducation nationale, quarante-six candidats présentant des besoins spécifiques participent à cet examen. Parmi eux figurent des mineurs incarcérés avant la clôture des dépôts de dossiers. Leur scolarisation est assurée par l’administration pénitentiaire en partenariat avec diverses associations. Au centre de détention d’Antanimora à Antananarivo, c’est notamment l’association Bethléem qui se charge de l’enseignement des mineurs à travers son école éducative des mineurs.
Do Rabesaika, le directeur de cette école, a précisé les détails de leur participation. « Pour cette session du BEPC qui débute aujourd’hui, huit jeunes garçons passent l’examen. Ils étaient dix au départ, mais deux ont été libérés entre-temps. Ces derniers continuent quand même de passer l’examen, pris en charge par leurs parents. Nous, de notre côté, avons simplement préparé leur dossier. Les huit autres viennent directement de notre École Éducative des Mineurs et sont inscrits dans différents centres d’examen, » avance-t-il.
Logistique
La participation de ces jeunes détenus exige une logistique importante, assurée conjointement par l’administration pénitentiaire et l’association Bethléem. Cette année, les besoins ont été encore plus complexes, comme l'explique Do Rabesaika, « l’organisation du BEPC a été difficile cette année car les centres d’examen sont répartis sur trois sites. Trois jeunes sont affectés au CEG Tanjombato, mais même là , ils sont encore répartis entre différents établissements : un est à l’EPP 2, un autre au CEG lui-même. Un autre candidat passe l’examen au Lycée Moderne Ampefiloha, et les quatre derniers au lycée Jean Joseph Rabearivelo à Analakely. Les éducateurs et les agents pénitentiaires sont eux aussi répartis sur tous ces sites, et l’association prend également en charge leur restauration. »
Do Rabesaika plaide ardemment pour que l’école éducative des mineurs d’Antanimora soit reconnue à l’avenir comme un centre d’examen officiel, afin de simplifier ces démarches lourdes. Pour rappel, cette école, fondée en 1995, est aujourd’hui la seule école formelle en milieu carcéral à Madagascar. Depuis sa création, elle a formé plus de 8 000 jeunes, dont certains sont aujourd’hui devenus médecins, entrepreneurs ou encore éducateurs spécialisés œuvrant à leur tour dans des établissements pénitentiaires, prouvant ainsi la puissance de la seconde chance.
Fortunat Rakotomandimby et Ravo Andriantsalama