Les syndicats des employés de la JIRAMA à travers tout Madagascar ont exprimé hier leur ferme opposition au projet de transformation de l'entreprise publique en société anonyme. Près de 3 000 employés à travers le pays unissent leurs voix contre cette décision gouvernementale, craignant qu'elle ne mène à une privatisation de la société.
Selon les syndicats, cette nouvelle structure ouvrira la voie à une privatisation, ce qu'ils refusent catégoriquement. Des employés de différentes régions ont affirmé que l'ensemble du personnel de la JIRAMA à Madagascar s'oppose unanimement à ce changement de statut. Ils exigent l'annulation pure et simple du décret interministériel pris en avril dernier et appellent le président de la République à ouvrir un dialogue.
Anmora Ratovomanarivo, porte-parole des syndicats de la JIRAMA, a déclaré : « Nous vous appelons à un dialogue direct pour discuter et prendre ensemble des décisions visant à éliminer tout ce qui nuit à cette entreprise. Nous, les syndicats des employés de la JIRAMA, sommes prêts à redresser la société pour qu'elle reste à 100 % publique, sans aucun profit personnel, et pour servir le peuple malgache à travers l'approvisionnement et la distribution d’eau et d’électricité. »
Société anonyme ?
D'un point de vue économique, la transformation en société anonyme permettrait à la JIRAMA d'attirer des investisseurs et de rechercher une plus grande rentabilité, selon l'économiste Fidèle Randriamananjara. Cela pourrait, en principe, conduire à une amélioration de la qualité des services.
Cependant, les risques perçus par les syndicats sont nombreux. En effet, seuls les détenteurs de capitaux importants pourraient acquérir des parts de l'entreprise et, par conséquent, intégrer le conseil d'administration. Les décisions stratégiques seraient alors dictées par les intérêts de ces actionnaires, et non plus uniquement par la volonté de l'État.
Fidèle Randriamananjara précise que « Lorsqu'on entre dans une grande entreprise comme celle-là , ceux qui siègent au conseil d'administration sont ceux qui ont la capacité d'acheter des actions, donc d'investir dans le capital de l'entreprise. Étant donné qu'ils investissent leur propre argent, ils peuvent avoir leur propre vision, et leur poids dans les décisions dépend de leur participation financière. » Face à cette situation, les syndicats menacent de lancer une grève générale si les autorités ne reviennent pas sur leur décision.
D’autre part, Anael Ramanantsoa, membre du conseil d’administration de la JIRAMA et représentant du personnel, a expliqué lors de son intervention à la télévision nationale que les 4 000 personnes membres du personnel de la compagnie n’ont pas l’intention de faire grève ni même de faire entrave au nouveau statut qui fait cependant débat. Selon lui, « on ne peut pas échapper à ce nouveau statut car l’ancien date d’il y a trop longtemps et des mises à jour sont nécessairess. »
Hasina Andriamalala et Ravo Andriantsalama