C’est dans une atmosphère solennelle, mais traversée par des tensions sous-jacentes, que Tokely Justin, président de l’Assemblée nationale, a dressé ce matin le bilan des soixante jours de session ordinaire. Entouré de ses vice-présidents Milavonjy Philobert et Tinoka Roberto, il a évoqué d’une voix grave les avancées législatives, les préoccupations citoyennes et les défis urgents de la nation, marquant le clap de fin de deux mois de travaux parlementaires.
Plusieurs dizaines de députés, des chefs d’institutions et deux ministres ont honoré de leur présence l’événement à l’hémicycle, présidé par le chef de la chambre basse, Tokely Justin. Avant d’adresser un message, il a fait le bilan des avancées législatives réalisées durant cette période.
Treize projets de loi ont été soumis à la Chambre basse durant cette session. Onze ont été adoptés sans amendement, témoignant d’une volonté manifeste d’accélérer les procédures. Quatorze propositions de loi ont également franchi les portes de Tsimbazaza, dont huit émanant de l’Assemblée elle-même. Seules six ont été votées, avec pas moins de 167 amendements à la clé. Huit textes devront patienter jusqu’à la prochaine session. Une manière de dire que le débat législatif reste vivace, même si la machine parlementaire semble parfois grippée.
En toile de fond, la rencontre entre le gouvernement et les députés les 12 et 13 juin derniers a permis, selon Tokely Justin, « un échange franc sur les préoccupations de la population ». Mais l’absence remarquée du Premier ministre ce matin, face à une salle pourtant remplie de sénateurs emmenés par Richard Ravalomanana, n’est pas passée inaperçue, alimentant des interrogations.
"Oubliés"            Â
Bien que des avancées significatives aient été constatées lors de cette session, plusieurs sujets sulfureux figurent parmi les "oubliés" de cette réunion ordinaire. Le premier et non des moindres est la révision de la loi de finances, ou loi de finances rectificative (LFR), qui a créé un véritable séisme à Tsimbazaza à l’annonce de l’exécutif, confirmant qu’il n’y en aurait pas pour cette année. Malgré les cris d’alarme des députés, le gouvernement s’est tenu à sa décision de ne pas adopter une LFR.
En seconde position des oubliés figure la convocation de certains ministres pour rendre des comptes, une initiative portée par les députés de l’opposition. Questionné sur le sujet à sa sortie de l’hémicycle, Tokely Justin a expliqué que pour qu’une proposition d’ordre du jour soit adoptée, elle nécessite l’approbation de tous. Si la convocation n’a pas eu lieu, c’est donc que la majorité des parlementaires n’était pas d’accord avec cette initiative.
Plusieurs propositions de lois jugées probablement secondaires ont également été "zappées" lors de cette session. En première ligne figure celle visant à protéger les lanceurs d’alerte, une loi qui n’est toujours pas d’actualité malgré les multiples plaidoyers des organisations de la société civile.
Un des constats les plus mitigés de cette session est, une fois de plus, le taux d’absentéisme des députés lors des réunions. Interrogé sur le sujet, Tokely Justin a avancé qu’une surveillance plus accrue des fiches de présence sera effectuée lors de la prochaine session. Selon lui, « il faut des motifs valables pour qu’un député soit absent d’une réunion. Mais des mesures pour remédier au taux d’absentéisme accru des parlementaires lors des réunions seront bientôt prises. »
Ravo Andriantsalama