De retour de la deuxième réunion de la commission mixte paritaire sur l’avenir des Îles Éparses à Paris, la délégation malgache, dirigée par la ministre des Affaires étrangères, Rasata Rafaravavitafika, a dressé son bilan cet après-midi au ministère à Anosy. L’espoir est permis, à en croire les membres de la délégation, malgré l’absence de résultats concrets immédiats.
De retour de la capitale française, la cheffe de la diplomatie malgache et son équipe ont rencontré la presse cet après-midi pour rendre compte de la mission. Rasata Rafaravavitafika s'est montrée claire : les ambitions de la Grande Île pour la restitution de ces petites îles ne sont pas éteintes. L’issue de la réunion est même plutôt encourageante, selon ses dires, bien que les résultats concrets restent en suspens puisque les négociations se poursuivent. La ministre a annoncé que la troisième réunion de la commission mixte ne saurait tarder, affirmant que « on est sur la bonne voie. »
L’espoir est un moteur. Présente lors de la réunion en tant que membre de la délégation, la sénatrice Lalatiana Rakotondrazafy a également souligné l'existence d'une réelle espérance pour que Madagascar parvienne à ses fins. Selon elle, « la loi et les droits sont de notre côté. » Pour la sénatrice, le débat juridique n’a même plus lieu d’être. L'essentiel est désormais de peaufiner la prochaine rencontre, d'autant que cette fois-ci, les homologues français ont officiellement déclaré prendre note des revendications malgaches.
Mais même si le droit est en faveur de Madagascar, la stratégie, elle, reste celle de la diplomatie. « Nous ne sommes pas dans le bras de fer ni la provocation. Mais nous n’acceptons plus les arrestations de nos pêcheurs ni la saisie de nos bateaux dans nos propres eaux », a prévenu la ministre avec fermeté. Le message est lancé, le ton est clair : « Ce partenariat avec la France est provisoire, transitoire et particulier », a-t-elle insisté, marquant une position inébranlable.
Vers une feuille de route et la fin du statu quo
Néanmoins, pas question de se précipiter ni d'exercer une pression excessive sur la France. Il n’y aura donc pas d’ultimatum, mais une volonté affirmée de rythmer les échanges. Madagascar appelle à des rencontres régulières, à l’image de cette dernière réunion à Paris. « Nous avons besoin d’une feuille de route. Le temps joue contre nous si nous ne bougeons pas », a estimé la ministre des Affaires étrangères, l'objectif étant d’éliminer le « statu quo » des débats afin d'accélérer les négociations.
Elle a également expliqué que la délégation malgache ne s’est pas contentée de faire acte de présence, mais qu'elle a marqué les esprits. « La France a été surprise par la rigueur de notre préparation. Nous n’avons pas hésité à aller au fond des choses. Résultat : cette fois, Paris a pris position. Ce n’était pas le cas en 2019. C’est un pas de plus pour sortir du statu quo, et ne pas attendre encore trente ans pour relancer les discussions », s’est exclamée la ministre, affichant un optimisme prudent.
Les discussions ont aussi permis d’évoquer une éventuelle visite du président Andry Rajoelina sur les Îles Éparses. Un geste fort, si elle se confirme, qui marquerait encore un peu plus la volonté de l’État malgache de ne rien céder. Lalatiana Rakotondrazafy a conclu sans détour : « Le droit est là . La justice aussi. Mais le chemin reste long. » Et d’un ton calme, presque grave : « Nous n’en sommes pas encore à la congestion diplomatique. Mais nous avons mis la machine en marche. »
Ravo Andriantsalama