« Il est maintenant l’heure de se tourner vers les malgaches pour sauver l’économie du pays ». C’est en tout cas le ressenti et la revendication de la coopérative des opérateurs privés en électrification à Madagascar ou COOPEM. Son président, Henry Daniel Ramananarivo explique que souvent les malgaches sont laissés pour compte au détriment d’étrangers alors que l’expertise et l’expérience est semblable.
À l'occasion d'une rencontre tenue ce week-end, Henry Daniel Ramananarivo, président de la Coopérative des opérateurs privés en électrification à Madagascar (COOPEM), a lancé un appel appuyé à l’État. L’homme fort du secteur de l’électrification rurale privée n’y est pas allé par quatre chemins : « Si nous voulons l’indépendance économique, il faut donner la priorité aux Malgaches dans nos propres industries. »
Selon lui, la situation actuelle est préoccupante, « Rien que pour le carburant, 80 % du marché est détenu par des intérêts français. Les banques, les télécommunications, l'industrie... tout ou presque file vers l’Hexagone. Ce que nous produisons ici finit là -bas, et il ne reste que des miettes pour nous. » Un constat amer qui, selon lui, réduit les opportunités pour les opérateurs locaux et prive le pays de leviers essentiels de développement.
La COOPEM dénonce par ailleurs une forme d’exclusion systémique. « Les gestionnaires de fonds de nombre de grandes entreprises opérant ici sont français. Cela revient à marginaliser les entrepreneurs malgaches sur leur propre sol, » avance son président. Mais Ramananarivo tient à dissiper toute ambiguïté, « Il ne s’agit pas de xénophobie ni d’hostilité envers la France, mais d’une exigence de souveraineté. Nous vivons ici, c’est donc à nous de porter notre économie, » explique-t-il.
AppelÂ
L’homme appelle à un sursaut de patriotisme économique. Pour lui, le combat mené hier par les anciens pour l’indépendance politique doit aujourd’hui se poursuivre sur le front économique. « L’amour de la patrie aujourd’hui, c’est refuser d’être locataire de notre propre maison. Ce n’est qu’avec l’appui déterminé de l’État que nous pourrons bâtir une véritable économie nationale portée par des Malgaches, » avance-t-il.
Pour la COOPEM, cela passe par des actes concrets : accorder une place prioritaire aux entreprises locales dans les appels d’offres nationaux, favoriser l’accès aux financements pour les Malgaches, et instaurer une politique industrielle claire où les investisseurs étrangers viennent en appui, et non en substitution.
« Nous ne demandons pas l’exclusion des partenaires étrangers, loin de là , mais qu’ils viennent en complément, avec respect pour notre souveraineté économique. Il est temps que les Malgaches soient les véritables maîtres d’œuvre de leur propre pays », a-t-il martelé. Un message direct, presque solennel, à l’attention de l’État, en cette période où l’électrification reste un enjeu clé du développement national.
Ravo Andriantsalama