Un mois après les événements tragiques qui ont causé la mort de vingt-neuf personnes à Ambohimalaza, le mystère demeure entier. Si l'État avance une thèse d'empoisonnement par une substance hautement toxique, des voix discordantes s'élèvent, suggérant que le gouvernement n'aurait pas révélé toute la vérité. Face à ces doutes persistants, une plainte est en cours de préparation par les familles des victimes.
Empoisonnement alimentaire dû à une substance hautement toxique incorporée dans des aliments, ou simple intoxication due au botulisme ? Cette question est sujette à controverse, concernant le drame qui a coûté la vie à vingt-neuf personnes à Ambohimalaza, malgré les enquêtes approfondies menées par les autorités. Depuis le début de l’affaire, l’État a toujours privilégié la thèse de l’empoisonnement, évoquant même l’usage de la sorcellerie par les malfaiteurs. Pourtant, pas plus tard que le week-end dernier, une enquête parallèle menée par des journalistes d’une chaîne française a avancé une autre hypothèse. Pour eux, l’État n’aurait pas tout dit, tant sur les événements que sur les résultats des investigations, surtout celles menées à l’étranger.
Selon les autorités malgaches, les échantillons envoyés en France auraient permis de prouver la thèse de l’empoisonnement. Cependant, le nom de la substance hautement toxique ayant provoqué la mort de près de trente personnes n’a jamais été divulgué. Cette réticence intervient malgré l’insistance de l’opposition, qui dément la version officielle depuis le début. Les proches des victimes s'interrogent également sur la transparence des informations fournies par l'État. Une mère d’une des victimes se plaint même de ne pas avoir toutes les informations nécessaires sur ce qui est réellement arrivé à son fils, âgé d’à peine 22 ans.
Contradictions et zones d'ombre
Malgré la réticence du gouvernement à divulguer le nom de l’institut spécialisé ayant pris en charge les échantillons, les investigations des journalistes français ont désigné l’Institut de Médecine Légale de Strasbourg comme étant l’établissement récepteur. Or, cet institut n’aurait pas la capacité de détecter le botulisme, selon toujours l’enquête des journalistes français. De plus, ces derniers affirment que les échantillons prélevés provenaient d’un seul patient, ce qui, selon eux, ne permettrait pas de prouver de manière irréfutable la thèse de l’empoisonnement généralisé.
Pour conforter son point de vue, l’État, par l’intermédiaire du ministère de la Santé Publique, a récemment publié une vidéo interviewant une victime toujours hospitalisée, affirmant que c’est le beignet (donut) qu’elle a mangé durant la fête qui a causé sa maladie. En parallèle, la vidéo montre également un expert en bactériologie déclarant qu’il s’agissait effectivement d’un empoisonnement alimentaire ayant causé les décès lors de la fête du 14 juin.
Face à cette accumulation de doutes et de contradictions, les familles des défunts ont décidé de porter plainte. Jusqu’ici, aucune information précise sur les détails de cette plainte n'a filtré. Cependant, selon une source proche des familles des victimes, la requête devrait être déposée demain. La question demeure : contre qui cette plainte sera-t-elle dirigée ? Contre l’État ? Ou contre ceux qui ont déjà été inculpés dans cette affaire aux multiples zones d'ombre ?
Ravo Andriantsalama