Arrivé fin 2022 pour sauver la compagnie nationale en difficulté, Thierry de Bailleul pourrait voir son mandat expirer sans certitude de reconduction. Entre résultats encourageants et débat sur la place des cadres malgaches, l’avenir de Madagascar Airlines reste suspendu aux décisions de l’État et peut-être bien du FMI.
En suspens. À quelques jours de l’expiration de son contrat, l’avenir de Thierry de Bailleul à la tête de Madagascar Airlines est plus que jamais flou. Recruté en décembre 2022 pour piloter le redressement de la compagnie, ce vétéran de l’aviation civile, passé notamment par Qatar Airways, Emirates et Air France, a tenté de remettre l’entreprise sur les rails grâce à un plan baptisé « Phénix 2030 ».
Ce programme ambitieux vise à moderniser la flotte, digitaliser la gestion, revoir la stratégie commerciale et redorer l’image de la compagnie. « Beaucoup a été fait, mais il reste du chemin à parcourir », a souligné Valery Ramonjavelo, ministre chargé des Transports, lors de la fête nationale française le 14 juillet dernier à la Résidence de France.
Parmi les progrès notables, la flotte est passée de trois à cinq appareils opérationnels, un sixième est en cours d’acquisition, et le paiement régulier des salaires, longtemps un point noir, est désormais assuré. « Le plan de redressement est satisfaisant, et les discussions avec les bailleurs de fonds avancent bien », a ajouté le ministre.
Leadership malgache
Mais derrière ces signaux positifs, la question du renouvellement reste politique. Certaines figures nationales plaident ouvertement pour que la direction générale revienne à un cadre malgache. « Beaucoup de techniciens locaux ont la compétence pour reprendre le flambeau », estime Jean Pierre Iada, président du Front de libération nationale. « Seuls les Malgaches sauront défendre les intérêts du pays. Il faut seulement un bon encadrement pour éviter tout dérapage », précise-t-il.
Le débat est d’autant plus sensible que, pour certains élus, la souveraineté même de Madagascar Airlines est aujourd’hui limitée. « La compagnie ne nous appartient plus vraiment. Le FMI détient la clé car c’est lui qui met le plus d’argent sur la table », regrette Siteny Randrianasoloniaiko, chef de l’opposition à l’Assemblée nationale. Un constat qui laisse planer le doute : le futur dirigeant de la compagnie sera-t-il choisi par Madagascar ou dicté par ses bailleurs ? D’ici là , Thierry de Bailleul poursuit son plan Phénix. Reste à savoir si, pour Madagascar Airlines, le mythe du phénix tiendra ses promesses… ou s’éteindra avant 2030.
Ravo Andriantsalama