Après avoir purgé la totalité de ses peines sans bénéficier ni de remise, ni de grâce présidentielle, l’ancien ministre de la Communication, Harry Laurent Rahajason, alias Rolly Mercia, a retrouvé la liberté ce mercredi. Sa libération met un terme à un long feuilleton politico-judiciaire qui aura marqué la scène médiatique malgache.
Un retour discret à la vie civile
Rolly Mercia est sorti de la prison d’Antanimora hier, après plus de six ans et cinq mois de détention. L’ancien ministre de la Communication avait été condamné une première fois à 44 mois de prison ferme pour « atteinte à la sûreté de l’État, rébellion et attroupement sans autorisation sur la voie publique ». Il aurait dû recouvrer la liberté dès janvier 2023, mais une seconde condamnation de 30 mois pour « faux témoignage » dans une affaire impliquant l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, devant le Parquet national financier à Paris, est venue prolonger son incarcération. Au total, Harry Laurent Rahajason aura purgé l’intégralité des 77 mois prononcés à son encontre, sans bénéficier d’aucun allègement de peine.
L’annonce de sa libération imminente avait filtré en début de semaine. Sa famille et ses proches, qui ont patienté dans la discrétion, ont exprimé leur soulagement et leur joie au moment de sa sortie. Aucun rassemblement massif n’a eu lieu aux abords de la prison. L’ancien ministre a quitté les lieux dans la sobriété, dans le strict respect des formalités judiciaires et des conditions encadrant sa mise en liberté.
Avenir
Rolly Mercia ne s’est pas encore exprimé publiquement. Son entourage reste évasif sur ses intentions. De nombreux observateurs espèrent toutefois qu’il reprendra la parole, que ce soit sur la scène médiatique ou politique, ou qu’il partagera au moins son expérience de prisonnier politique. Pour ses soutiens, sa libération tourne une page douloureuse de l’histoire de la liberté d’expression à Madagascar, mais en ouvre peut-être une nouvelle.
Harry Laurent Rahajason est ainsi la deuxième personnalité politique libérée par les autorités pénitentiaires cette année. Pour rappel, il y a quelques mois, le fils de Manandafy Rakotonirina, Mahery Lanto Manandafy, a également recouvré la liberté après plusieurs années de détention. À côté de ces libérations, d’autres figures de la presse malgache restent cependant derrière les barreaux. En tête de liste, le président-directeur général du quotidien La Gazette de la Grande Île, Lôla Rasoamaharo. Le patron de La Ligne de Mire et de l’AZ TV, Mbola Rajaonah, purge quant à lui toujours sa peine à la prison d’Imerintsiatosika. La question de la liberté de la presse et de l’expression à Madagascar demeure ainsi une problématique majeure pour les professionnels des médias.
Ravo Andriantsalama