Le Congrès international des primatologues s’est ouvert ce lundi au Novotel Alarobia. Durant cinq jours, chercheurs et scientifiques du monde entier se penchent sur la préservation des primates et la valorisation des travaux des experts malgaches, souvent méconnus malgré leur rôle central.
 « Les chercheurs jouent un rôle crucial dans la protection des différentes espèces de lémuriens », a martelé Max Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable, en marge de l’ouverture du Congrès international des primatologues à Alarobia ce matin. Le ministre déplore toutefois le manque de considération dont souffrent ces spécialistes, à Madagascar comme ailleurs : « Trop souvent, chercheurs et scientifiques travaillant sur les primates ne reçoivent pas la reconnaissance qu’ils méritent. » Une injustice que l’État malgache entend corriger, assure-t-il : « C’est désormais une priorité nationale. Certains ont déjà été décorés l’année dernière pour leurs efforts, et récemment encore, Liliarison René de Rolland a été élevé au rang de chevalier de l’Ordre national pour ses recherches. D’autres suivront. »
Pendant cinq jours, Madagascar devient la « capitale mondiale » de la primatologie. « Nous accueillons plus de 1 000 participants. Ce congrès place notre pays sous le feu des projecteurs », se réjouit le ministre. Pour le professeur Jonah Ratsimbazafy, éminent primatologue malgache, cet événement représente bien plus qu’une vitrine : « C’est une opportunité pour nos chercheurs d’échanger directement avec les plus grands spécialistes internationaux. C’est le moment de nouer des partenariats, de monter des projets communs et de dynamiser la recherche locale. »
Actuellement, 20 % des espèces de primates de la planète vivent à Madagascar. Une richesse unique que le pays espère mieux exploiter : « Notre ambition est de créer un grand laboratoire dédié aux primates, ici même. Ainsi, ce seront les chercheurs étrangers qui viendront chez nous pour leurs études », explique le professeur Ratsimbazafy. Un premier pas existe déjà avec le centre de recherche de Ranomafana, mais les scientifiques malgaches veulent aller plus loin. « Nous avons déjà une relève de jeunes chercheurs prêts à continuer le travail. Notre objectif est de multiplier les études, publier davantage et faire connaître au monde entier la richesse de notre biodiversité », soutient-il.
Trésor écologique et économique
Au-delà de leur valeur scientifique, les lémuriens jouent un rôle écologique majeur. « Ce sont eux qui assurent la dispersion des graines et la pollinisation de nombreuses espèces végétales », rappelle le professeur. Leur contribution s’étend aussi au tourisme. « Regardons le Costa Rica : ce petit pays tire 4 milliards de dollars du tourisme lié à sa faune. Nous, nous avons les lémuriens, qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Il faut juste une gestion rigoureuse et transparente », plaide-t-il.
Son message est clair : préserver les lémuriens, c’est investir dans un développement durable qui respecte la nature tout en générant des revenus conséquents pour le pays.
Entre échanges scientifiques, ambitions de laboratoires et nécessité d’un tourisme mieux encadré, ce congrès veut poser les bases d’une nouvelle ère pour la primatologie malgache : une science au service de la biodiversité et de la fierté nationale.
Ravo Andriantsalama