C’est un scandale qui secoue l’administration malgache et pourrait exposer le pays à de lourdes conséquences diplomatiques. Cinq avions Boeing 777, portant l’immatriculation malgache « 5R », ont été repérés en Iran le 15 juillet dernier, malgré l’interdiction pour ce pays, sous sanctions internationales, d’acquérir ce type d’appareil.
Eclairage. Selon les explications livrées hier soir par le ministre des Transports, Valéry Ramonjavelo, la République de Madagascar reconnaît avoir délivré une autorisation provisoire de vol pour ces appareils en 2024. Ces derniers devaient rejoindre le Kenya pour y subir une remise en état. « Cette autorisation expirait en avril 2025 et aucun transfert officiel n’a été validé ensuite », précise le ministre, affirmant que l’État malgache a été trompé.
Les appareils restent pourtant immatriculés sous pavillon malgache via la société UDAN, inscrite au registre national. Un avis de recherche a depuis été lancé contre un ressortissant malgache et un ressortissant indien pour faux et usage de faux dans cette affaire.
Plus troublant encore : le Cambodge serait également impliqué. Selon le ministre, ce pays aurait autorisé le plan de vol permettant aux appareils de quitter son territoire vers l’Iran, en toute connaissance de cause. « Cela prouve qu’il y a eu un accord pour violer l’embargo », déplore Valéry Ramonjavelo.
Polémique
Pour Madagascar, l’affaire est délicate : en facilitant, même involontairement, la livraison d’avions commerciaux à un État sous sanctions occidentales, le pays s’expose à de potentielles représailles diplomatiques et économiques, notamment de la part des États-Unis.
Face à l’ampleur de la polémique, un Conseil des ministres extraordinaire est attendu ce mardi. Le gouvernement devra clarifier sa ligne de défense et annoncer les mesures concrètes pour éviter que ce type de manquement ne se reproduise.
Pour l’heure, aucun commentaire officiel n’a émané des chancelleries occidentales. Mais en coulisses, la vigilance est de mise. Dans ce dossier aux ramifications internationales, c’est l’image et la crédibilité de l’aviation civile malgache qui se jouent.
Ravo Andriantsalama