Démis de ses fonctions de ministre des Transports et de la Météorologie hier, lors d'un Conseil des ministres spécial, Valéry Ramonjavelo risque désormais bien plus gros. L'affaire des cinq Boeing 777 immatriculés "5R" qui ont atterri mi-juillet en Iran continue de faire des vagues. Le Premier ministre Christian Ntsay assure l'intérim à ce poste clé, et la passation de pouvoir s'est tenue aujourd'hui même dans les locaux du ministère à Anosy.
« Je tiens à préciser que ni moi, ni le Président de la République, n’étions informés de ce qui se tramait autour du certificat d’immatriculation provisoire (CIP) ou du certificat de navigabilité (CDN). » Ces mots, prononcés par le chef du gouvernement, Christian Ntsay, ce matin à Anosy lors de la passation de pouvoir avec le ministre limogé, Valéry Ramonjavelo, sonnent comme une déclaration claire : l'État nie toute implication dans l'octroi, même provisoire, de l'immatriculation pour ces avions. Ce démenti suggère donc une implication, qu'elle soit expresse ou tacite, de Valéry Ramonjavelo dans la procédure. Une question cruciale plane désormais : sera-t-il, à son tour, sous le coup d'une enquête pour une éventuelle implication ?
Interrogé sur le sujet, le locataire de Mahazoarivo est resté évasif mais a tout de même esquissé une réponse : « Le processus suit son cours pour faire toute la lumière sur cette affaire. Nous savons déjà que certaines personnes sont recherchées. Mais elles ne sont pas les seules : d’autres individus ou complices indirects feront également l’objet d’enquêtes approfondies. » Cette déclaration n'implique cependant pas formellement l'ouverture d'une enquête à l'encontre de l'ancien secrétaire général de la présidence de la République. Néanmoins, la réponse prudente du numéro deux de l'État laisse planer la possibilité de cette éventualité.
Demande d'appui
De son côté, Valéry Ramonjavelo s'est dit fier de ce qu’il a pu accomplir au sein du ministère depuis sa nomination. Pour lui, son limogeage n’est pas une fin en soi, mais la continuité des efforts fournis par ses prédécesseurs, par lui-même et par celui ou celle qui va le remplacer. Il a également adressé un clin d’œil au Premier ministre lors de son discours : « La journée d’aujourd’hui ne marque pas une fin, mais une continuité. La loyauté reste également primordiale. N’hésitez pas à faire appel à moi si besoin, je resterai toujours disponible pour servir. Je vous porte tous dans mes prières, » s’est-il exclamé avant de se faire accompagner à la porte par son successeur provisoire.
Quant à la suite des investigations pour démêler ce complexe affaire des avions, cause directe du limogeage du ministre des Transports, Christian Ntsay entend faire appel à un appui international, d'autant plus que cette affaire touche plusieurs pays. Il a insisté sur la nécessité de solliciter l'aide de pays comme les États-Unis d’Amérique ainsi que des pays européens. Selon ses dires : « Comme vous le savez, les promoteurs impliqués sont déjà activement recherchés. Dans un souci de transparence, nous sollicitons l’appui de l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile (OACI), du Bureau Fédéral d’Investigations (FBI) et d’Interpol afin d’éviter que de tels réseaux ne se servent à nouveau de notre pays. Il est inacceptable que Madagascar soit utilisé comme relais pour des réseaux criminels. »
En guise de consolation pour son collègue de toujours, le Premier ministre a conclu en expliquant que « nul n’est éternel à un poste où il a été nommé, moi y compris. » Une remarque notable, sachant que Christian Ntsay occupe son poste depuis la présidence de Hery Rajaonarimampianina et est resté, jusqu’à présent, indéboulonnable.
Ravo Andriantsalama