Sorties la tête baissée de l’enceinte du palais de justice d’Anosy, Fenohasina et sa mère passent directement par la case prison après plus d’un mois passé à l’hôpital. Elles ont été placées en détention provisoire depuis hier soir, selon le parquet.
En détention provisoire. C’est désormais le cas de Fenohasina, l’hôte de l’anniversaire noir du 14 juin dernier, et de sa mère. Hier, tard dans la soirée, le parquet a obtenu un premier verdict après l’audition préliminaire des deux présumées. Le ministère public n’a laissé aucune chance à la jeune femme, écartant la possibilité d’un placement sous contrôle judiciaire. Selon la procureure de la République près le TPI Anosy, Narindra Navalona Rakotoniaina, dans une vidéo diffusée hier soir, le juge d’instruction avait décidé de placer Fenohasina sous contrôle judiciaire, mais le parquet a formé opposition pour qu’elle soit placée en détention provisoire.
« Après examen des charges, le juge d’instruction a pris la décision suivante : la mère de l’organisatrice de l’anniversaire a été placée en détention provisoire, tandis que cette dernière devait initialement être placée sous contrôle judiciaire », indique la procureure. « Le juge d’instruction est totalement indépendant dans ses décisions, mais le parquet n’est pas tenu de partager son avis. Ainsi, nous avons formé opposition à cette décision. L’opposition a été soumise à la chambre de détention, qui a décidé de placer l’auteur présumé de la pétition en détention provisoire », poursuit-elle.
Plein pouvoir
La décision du parquet de s’opposer à la mise sous contrôle judiciaire apparaît, à première vue, comme une mesure particulièrement ferme, renforcée par la détermination visible sur le visage de la procureure lorsqu’elle a pris la parole hier soir. Néanmoins, selon un juriste que nous avons contacté ce matin, ce choix est compréhensible.
D’après lui, « le ministère public dispose de l’entière prérogative de former opposition, en sa qualité de maître de l’action publique. En tant que garant de l’intérêt général, et compte tenu du contexte entourant cette affaire, cela peut justifier son opposition au contrôle judiciaire pour demander sa conversion en détention provisoire. »
Pour l’heure, la défense n’a pas souhaité réagir à la décision du parquet. Contacté par téléphone ce matin, l’avocat de la présumée s’est abstenu de tout commentaire. « Nous ne pouvons pas encore nous exprimer sur cette affaire afin de ne pas violer le secret de l’instruction », a-t-il déclaré.
En conclusion de sa déclaration vidéo, Narindra Navalona Rakotoniaina a précisé que l’instruction suit son cours, que l’enquête se poursuit au niveau du tribunal et qu’une fois l’instruction achevée, l’affaire sera renvoyée devant la cour criminelle. Elle a rappelé que les prévenus seront jugés en audience publique. Cette affaire commence à bouger après un mois et demi de revendication des internautes, notamment sur les réseaux sociaux.
Ravo Andriantsalama