Dans l’affaire des cinq Boeing 777 immatriculés « 5R » retrouvés en Iran, l’opinion publique s’attendait à une réaction du Parlement, notamment à l’éventualité de l’ouverture d’une enquête parlementaire. Interrogé hier à ce sujet, le président du Sénat, le général à la retraite Richard Ravalomanana, a vivement réagi, laissant entendre que les parlementaires des deux chambres ne semblent pas enclins à initier une telle procédure.
Le ton est monté. C’est la réaction du président du Sénat hier, lors d’un entretien accordé à la presse, alors qu’une question lui était posée sur la possibilité d’ouvrir une enquête parlementaire concernant l’affaire des cinq Boeing. « À quoi bon une enquête parlementaire ? Ne croyez-vous pas en la justice ? », S’exclame-t-il à Anosy. Des propos fermes, laissant entendre qu’aucune commission d’enquête parlementaire ne sera lancée. Selon lui, une enquête parlementaire n’a de sens que si elle vise à soutenir l’action de l’exécutif. Il estime également que, lorsqu’une enquête judiciaire est en cours, il ne faut pas en initier une autre, afin de ne pas en entraver le bon déroulement. « Si l’on procède ainsi, c’est ce qu’on appelle une entrave à la justice », a-t-il ajouté.
Une opinion qui contraste fortement avec celle de plusieurs députés, qui réclament l’ouverture d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur cette affaire et ainsi appuyer le travail de la justice. Maître Hanitra Razafimanantsoa, députée élue du district d’Antananarivo I, affirme que des discussions sont en cours parmi les députés en vue de créer une telle commission. « La volonté est là , mais c’est souvent la procédure qui pose problème. Dès que cela passe en plénière, il est probable que la majorité oppose son veto, et tout tombe à l’eau. Pourtant, je pense que l’on devrait vraiment mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur cette affaire afin de distinguer le vrai du faux, et ainsi aider la justice », explique-t-elle.
Ses propos, bien qu’opposés à ceux du général Ravalomanana, convergent vers une même conclusion : une enquête parlementaire sur l’affaire des Boeing 777 reste peu probable à ce stade. Il faut aussi noter que la majorité des Malgaches ne comprennent pas clairement ce qu’est une enquête parlementaire ni ce qu’elle implique. D’après les explications de Maître Hanitra Razafimanantsoa, « dès qu’une affaire touche une société d’État ou un sujet d’intérêt public, il est possible pour les deux chambres du Parlement d’ouvrir une enquête ». Elle précise cependant que certaines conditions doivent être remplies selon les règlements intérieurs des deux chambres. « La première de ces conditions est le dépôt d’une proposition de résolution signée par au moins huit parlementaires », conclut-elle.
Ravo Andriantsalama