Le Premier ministre Christian Ntsay a brisé le silence. Hier matin, au Carlton Anosy, il a affirmé que l’arrivée du FBI à Madagascar, dans le cadre de l’enquête sur les cinq Boeing 777 immatriculés 5R, est une initiative du gouvernement malgache.
« C’est nous qui avons sollicité la venue du FBI. Ceux qui disent le contraire doivent présenter des preuves. Si le FBI est ici, c’est à notre demande », a déclaré Christian Ntsay. Ces cinq appareils, enregistrés sous l’immatriculation malgache 5R, avaient été repérés en Chine, au Cambodge, puis finalement en Iran, dans des conditions jugées opaques. Leurs mouvements, suspects, ont alimenté rumeurs et spéculations, certains y voyant la trace d’un trafic ou d’opérations aériennes illicites.
Pour Ntsay, l’affaire dépasse largement le cadre administratif. « Ce dossier a de nombreuses ramifications invisibles. Il faut savoir qui a déplacé ces avions. Qui est cet opérateur ? » S’interroge-t-il. Deux raisons expliquent la demande d’assistance américaine : d’abord, identifier les véritables acteurs derrière le déplacement de ces appareils à l’étranger ; ensuite, renforcer la lutte contre les réseaux criminels transnationaux susceptibles d’utiliser Madagascar comme base ou plateforme logistique. « Nous devons éviter qu’une telle situation ne se reproduise », insiste le Premier ministre.
Risques diplomatiques
L’affaire, suivie de près par les autorités internationales, pose aussi la question de la sécurité et du contrôle aérien à Madagascar. L’enquête menée par le FBI, en collaboration avec les autorités locales, vise à identifier toutes les personnes impliquées et à déterminer si les immatriculations 5R ont été utilisées à des fins illégales. « Mon message au peuple malgache est simple : transparence. Les citoyens ont le droit de connaître la vérité sur ce qui s’est passé. Nous irons au bout », affirme Christian Ntsay.
Du côté des observateurs, ce dossier pourrait tendre les relations bilatérales avec des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni. Selon l’ancien ambassadeur malgache au Sénégal, Serge Zafimahova, « le Boeing 777 appartient à l’Amérique et le moteur (Rolls-Royce) à l’Angleterre. Ces pays peuvent donc prendre des mesures de sécurité à l’encontre de Madagascar ». Il estime que Washington pourrait exercer une forte pression sur le gouvernement malgache et qu’il faut s’attendre à d’éventuelles représailles. L’ancien diplomate avertit aussi que l’ex-ministre des Transports, Valery Ramonjavelo, « prend un risque en écartant toute responsabilité des deux têtes de l’exécutif dans cette affaire, car cela pourrait se retourner contre lui ».
Ravo Andriantsalama