Ce matin, au Carlton Anosy, Transparency International – Initiative Madagascar (TI-MG) a lâché un constat inquiétant. Depuis 2023, l’ONG enquête sur les risques de corruption dans l’éducation. Verdict : l’inscription scolaire et le recrutement des enseignants sont dans la zone rouge.
La loi est claire : inscription gratuite dans les écoles publiques. La réalité, non. Des établissements continuent de faire payer. Montants variables, justifications multiples. Certaines écoles reçoivent des financements extérieurs, d’autres manquent de tout. Résultat : une gratuité appliquée à la carte. Le rapport révèle plus grave encore. De bonnes notes contre des avantages. Des diplômes délivrés sans examen. Même des cas d’« exploitation sexuelle à des fins de corruption ». L’indice de risque frôle le maximum.
Selon Liantsoa Rakotoarivelo, chargée de communication de l’organisation, les inscriptions et le recrutement des enseignants sont particulièrement concernés. Une note officielle du ministère de l’Éducation nationale (MEN) stipule que l’inscription dans les écoles publiques doit être gratuite. Mais sur le terrain, cette mesure est appliquée de manière inégale : certains établissements exigent toujours des frais, invoquant la nécessité de financer le fonctionnement, en particulier dans les Écoles Primaires Publiques (EPP). Les montants varient fortement d’une école à l’autre, selon qu’elles bénéficient ou non de soutiens extérieurs ou disposent déjà d’assez de matériel.
Politique nationale
Ces dérives nuisent directement à la qualité de l’enseignement. « Des personnes peu compétentes peuvent ainsi devenir enseignants, et la faible rémunération démotive aussi les formateurs », regrette Liantsoa Rakotoarivelo. Le recrutement et l’affectation des enseignants FRAM, c’est-à -dire payés par l’association des parents d’élèves, sont également jugés à haut risque, en raison d’un manque de transparence.
TI-MG recommande d’appliquer pleinement la politique nationale de lutte contre la corruption dans l’éducation, de renforcer la qualité de l’enseignement et de rendre opérationnels les centres d’écoute pour recevoir les plaintes en toute confidentialité. L’organisation appelle aussi à une meilleure protection des lanceurs d’alerte.
Alors que le taux de scolarisation a progressé ces deux dernières années, TI-MG espère que la gratuité officielle des inscriptions sera confirmée et appliquée à la rentrée. Mais pour que la lutte contre la corruption soit efficace, encore faut-il que les citoyens puissent dénoncer les abus sans crainte.
Ravo Andriantsalama