À quelques jours de la première accession du pays à la présidence d’une organisation régionale d’envergure, le climat politique reste tendu. Durant le week-end dernier, le président Andry Rajoelina et ses principaux opposants, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina, se sont échangé des piques. Le locataire d’Iavoloha accuse ses deux prédécesseurs d’avoir manigancé pour saboter la tenue du sommet de la SADC à Madagascar. Des propos démentis par les intéressés.
« Le comportement des anciens présidents qui tentent d’empêcher la tenue de la SADC à Madagascar est honteux et déshonorant. » Ce sont les mots du président de la République, le 8 août dernier à Andranomena, lors de la remise de 18 camions destinés au transport d’eau pour Antananarivo. Selon lui, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina auraient rencontré des chefs d’État de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dans le but de comploter pour que le sommet ne se tienne pas dans le pays.
Pourtant, Andry Rajoelina affirme recevoir les félicitations de ses pairs à l’étranger et se dit indigné par l’attitude de ses deux prédécesseurs. « Je vous le dis : tous les chefs d’État m’appellent. Ils s’adressent à moi, car ceux qui sont à l’étranger reconnaissent ce que certains, ici à l’intérieur du pays, ne voient pas. Ils reconnaissent notre leadership. Ils reconnaissent la vision que nous portons », a-t-il déclaré. Il appelle enfin à l’unité, à la solidarité et à la dignité pour accueillir l’événement, exhortant également la population à faire preuve de l’hospitalité malgache envers les nombreux visiteurs étrangers attendus.
Alliance contre nature
En réponse, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina se sont à nouveau alliés pour contrer Andry Rajoelina. Une alliance contre nature qui a débuté lors des préparatifs de l’élection présidentielle de 2023 et du « hetsika fotsy ». Pour rappel, ces deux anciens présidents sont des adversaires politiques naturels depuis l’accession au pouvoir du HVM de Rajaonarimampianina en 2014, alors que la mouvance Ravalomanana soutenait la candidature du docteur Jean Louis Robinson. À cette époque, Rajoelina et Ravalomanana avaient été victimes du « ni… ni » et ne pouvaient se présenter à l’élection.
Dans un communiqué conjoint publié un jour après la déclaration du chef de l’État, les deux anciens locataires d’Iavoloha reconnaissent avoir échangé avec des dirigeants de la SADC. Toutefois, ils précisent que ces échanges « ne relèvent pas d’une campagne politique, mais d’une alerte fondée sur des faits avérés et documentés, en conformité avec les valeurs inscrites dans la feuille de route de la SADC pour Madagascar adoptée en 2011 ». Ils appuient leurs propos sur plusieurs articles de cette feuille de route ainsi que sur des éléments qu’ils affirment clairs et sourcés. En conclusion, le communiqué précise que « l’unité et la solidarité ne peuvent se construire sur le silence face à de telles violations ».
Bien que les préparatifs pour accueillir le sommet des chefs d’État de la SADC et l’accession à la présidence de l’organisation avancent rapidement, un climat politique tendu continue de peser sur la Grande Île à l’aube de cet événement historique.
Ravo Andriantsalama