Ce matin, au CCI Ivato, le bois du pupitre a résonné d’un coup sec. Un coup de marteau, symbole d’autorité, donné par Rafaravavitafika Rasata. La ministre des Affaires étrangères vient d’endosser, pour la première fois dans l’histoire de Madagascar, la présidence du Conseil des ministres de la SADC. Une salle comble, un silence qui pèse, et la Grande Île qui se hisse soudain au centre du jeu diplomatique régional.
D’entrée, la cheffe de la diplomatie a dégainé ses priorités. Industrialiser pour fabriquer de la richesse ici, créer des emplois décents, transformer nos champs en garde-manger de la région, tourner le dos aux énergies sales, se blinder contre les secousses du climat, de l’économie et de la sécurité. Son mandat collera au Plan indicatif régional de développement stratégique, mais avec un accent bien malgache.
Car dans son viseur, il y a aussi une bataille moins visible : celle des îles. Les îles de la SADC, trop souvent reléguées en marge, que Rafaravavitafika Rasata veut remettre dans la lumière. Elle exige que leurs réalités soient reconnues, que leurs politiques soient taillées sur mesure. « En unissant les potentiels maritimes, économiques, environnementaux et culturels des îles avec la puissance industrielle et agricole du continent, nous pourrons bâtir la SADC compétitive et autonome que nous voulons », a-t-elle lancé, dans un mélange de promesse et de défi.
Echo
Elle sait pourtant que le terrain est miné. Les aides étrangères fondent comme neige au soleil. L’organisation doit apprendre à vivre sur ses propres moyens. Les barrières commerciales restent solidement plantées, le commerce intra-SADC traîne les pieds, les routes et les ports attendent encore leurs bulldozers. Mais pour elle, ce n’est pas une raison pour lever le pied.
Ce coup de marteau n’était que le début. Dimanche, la suite se jouera sur la scène des chefs d’État : Andry Rajoelina prendra officiellement la présidence de la SADC, succédant au président zimbabwéen. Une double première pour Madagascar. Et, peut-être, le début d’un mandat où l’écho de ce matin résonnera bien au-delà des murs d’Ivato.
Ravo Andriantsalama