En fin de semaine dernière, invitée dans une émission en ligne, la porte-parole de la présidence de la République, Lova Ranoromaro, a déclaré : « À l’époque, les professeurs malgaches avaient vraiment de la valeur, et c’est triste qu’aujourd’hui il n’y ait plus vraiment de professeurs véritablement compétents. » Un propos qui a choqué plus d’un et qui continue de faire couler beaucoup d’encre. Doit-on s’attendre à un nouveau limogeage de haut rang ?
« On limoge ou on abroge pour moins que ça, et si on a un peu de dignité, on démissionne pour bien moins que ça. » Ce sont les mots du docteur Graziella Masindrazana, c’est qui ? SECES ? chercheur ? après la déclaration controversée de la porte-parole. Si, pour l’heure, la question d’un limogeage ne semble pas être à l’ordre du jour dans les coulisses, une partie de l’opinion publique estime déjà qu’un fusible pourrait sauter au sein de la présidence.
Pourtant, peu de temps après l’émission, Lova Ranoromaro a tenu à s’expliquer sur les réseaux sociaux, affirmant qu’elle n’avait nullement l’intention de remettre en cause la compétence des professeurs en médecine. « Si mes mots ont pu prêter à confusion, je le regrette, car mon intention n’a jamais été de remettre en cause la compétence de nos professeurs de médecine, pour lesquels j’ai le plus grand respect », a-t-elle écrit sur sa page Facebook après avoir reçu dans son bureau la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Chaminah Loulla, ainsi que le président du SECES, Faliarivony Randriamialinoro.
Indignation collective
Ces explications n’ont cependant pas eu l’effet escompté. Professeurs et autres intellectuels sont tout de même montés au créneau après la rencontre. Un autre de ses confrères, le professeur Jonah Ratsimbazafy, a lancé : « Si les professeurs malgaches ne sont pas au niveau, pourquoi des réunions liées à la SADC se déroulent-elles à l’université d’Ankatso ? » De son côté, le Syndicat des enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants (SECES), branche Antananarivo, a déclaré dans un communiqué : « Les propos diffamatoires visant les enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants portent un coup à la dignité nationale. »
La balle est désormais dans le camp des décideurs. Un limogeage d’une responsable au sein de la présidence est-il opportun en ce moment ? La question reste ouverte, sauf si le Conseil des ministres, prévu chaque mercredi, en apporte la réponse. Pour reprendre les mots du docteur Masindrazana, il faut rappeler qu’une responsable du ministère de la Santé a déjà été démise de ses fonctions pour avoir mal répondu à des journalistes étrangers au sujet d’une affaire d’empoisonnement de masse. Quelques temps plus tard, c’est le ministre des Transports qui a été remercié pour une affaire d’avions.
Finalement, comme depuis plusieurs années, la décision finale sur le sort de la porte-parole appartient au président de la République. Il convient aussi de rappeler qu’elle n’a, selon ses propos, cherché qu’à défendre son patron lors de l’émission.
Ravo Andriantsalama