Accompagné d’un roi et de trois autres chefs d’État, le président de la République Andry Rajoelina a inauguré les huit premiers kilomètres de la première autoroute de Madagascar hier à Ambodifasina, au PK 0 de cette nouvelle voie reliant Antananarivo à Toamasina. Les réactions sont partagées : certains voient ce geste comme une insulte, tandis que d'autres expriment leur joie.
Et si chaque portion de 8 km de l'autoroute était inaugurée séparément ? C’est la moquerie que commencent à faire certains Malgaches après que le président ait célébré en grande pompe la première section de l'autoroute reliant la capitale à Toamasina. Cette distance, via la nationale numéro 2  mesure 360 km et se fait entre 10 et 12 heures en voitures. Avec la finalisation de l’autoroute, les automobilistes économisent du carburant avec 100 km de moins et de temps car le trajet ne va plus durer qu’environ deux heures et demi.
Pourtant, le chef d'État se dit fier et confiant pour la suite des travaux. Bien qu’aucune date précise n’ait été signalée pour l’achèvement des travaux, Andry Rajoelina a déclaré hier à Ambodifasina : « Nous allons terminer les travaux entamés. » Derrière lui, une autre partie de l’opinion est tout aussi confiante quant à l'avenir du projet. Il avait donné un délai pour la fin des travaux vers la fin de son second mandat l’année dernière, et l’ouverture est donc attendue vers 2028.
Pour aller encore plus loin, le locataire d’Iavoloha annonce que la promesse d’un changement avec l’autoroute se concrétisera. « Cette autoroute est une promesse. Une promesse pour notre peuple. Une promesse pour notre économie. Une promesse pour l’avenir. Oui, cette route changera le quotidien des habitants, facilitera le commerce, accélérera le développement, rapprochera nos villes et transformera Madagascar », explique-t-il.
Nouveaux financements
De son côté, l’opposition critique le fait que Rajoelina ait invité ses homologues africains à cette inauguration. Paraina Auguste, ancien ambassadeur malgache au Sénégal, déclare que « cela devient ridicule, car la plupart des chefs d’État invités disposent déjà d’autoroutes dans leurs pays. Nous risquons d’être ridiculisés avec cette initiative du président. » En réponse, le chef d’État affirme que « nous avons une vision et la volonté de travailler pour le bien de la population et pour transformer Madagascar. Rien ne pourra nous arrêter. Malgré les difficultés et les obstacles, nous remercions Dieu, car le chemin progresse et notre route se construit. »
Avec le premier tronçon de 80 km financé par l’État malgache, Andry Rajoelina annonce un financement additionnel de 60 millions de dollars provenant du Fonds d’Abu Dhabi pour le développement (ADFD). En février, lors du World Government Summit (WGS) à Dubaï, il a été annoncé que la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) soutiendrait le projet d’autoroute avec un financement compris entre 250 et 350 millions de dollars.
Lors d’un entretien lundi dernier entre la ministre de l’économie et des finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison et le directeur des infrastructures de la banque africaine de développement (BAD) Kennedy Mbekeani, il a également été convenu que la BAD participera à l’accomplissement de l’autoroute et d’autres projet d’envergure.
Ravo Andriantsalama