Le couperet est tombé et il a laissé un goût amer. Les résultats du baccalauréat 2025 viennent d’être publiés, et le constat est sans appel : Madagascar enregistre un net recul du taux de réussite. L’année dernière encore, un peu plus de 58 % des candidats franchissaient la barre de l’examen. Cette année, à peine la moitié, soit 50,73 %, ont réussi à décrocher le précieux diplôme.
Le verdict tombe. Plus de 222 000 jeunes se sont présentés cette année dans les différentes séries, soit quelques milliers de plus qu’en 2024. Pourtant, le nombre d’admis a chuté de façon spectaculaire : 112 794 en 2025 contre 128 551 l’année dernière. En une seule session, le pays a perdu plus de quinze mille nouveaux bacheliers. Derrière ces chiffres bruts se dessine une réalité plus préoccupante, le système éducatif malgache traverse une zone de turbulences.
Dans l’enseignement général, la baisse est encore plus visible. Le taux de réussite, qui dépassait les 58 % en 2024, n’atteint même plus les 50 % cette année. La série A2, toujours la plus nombreuse, a vu plus de 129 000 élèves tenter leur chance, mais à peine 48 % ont franchi la ligne d’arrivée. La série A1 suit la même pente glissante, avec un taux qui retombe à 50 %, et la série L, bastion des littéraires, accuse un coup très dur en tombant sous la barre des 46 %, après avoir frôlé les 55 % l’an passé. Même la série D, avec ses plus de 27 000 candidats, n’a pas réussi à redresser la barre, plafonnant à 44 %.
Une exception subsiste : la série C. Traditionnellement considérée comme l’une des plus exigeantes, elle maintient un taux de réussite honorable, à près de 64 %, même si le chiffre reste en dessous de la performance de 2024. C’est elle, aujourd’hui encore, qui sauve l’honneur des séries générales.
Alarmants
En revanche, du côté de l’enseignement technique, la tendance reste plus stable. Avec un taux de 72,65 %, légèrement inférieur à celui de l’année dernière, cette filière continue de donner de meilleurs résultats que l’enseignement général. Sur un peu plus de 11 000 inscrits, plus de 8 000 candidats ont été reçus, preuve que ce secteur résiste mieux aux secousses qui agitent l’éducation nationale.
Mais la question demeure : pourquoi une telle chute en l’espace d’une année ? Les chiffres, froids et implacables, ne disent rien des causes profondes. Certains évoquent des programmes mal adaptés, d’autres pointent le manque de préparation, les difficultés économiques qui pèsent sur les familles, ou encore la fragilité des conditions pédagogiques. Quoi qu’il en soit, le baccalauréat 2025 met en lumière un malaise éducatif qui ne peut plus être ignoré.
Car au-delà des pourcentages, ce sont des milliers de destins qui se jouent. Chaque chiffre cache un visage, une histoire, une espérance parfois brisée. Dans les cours des lycées et devant les centres d’examen, entre cris de joie et larmes contenues, le bac 2025 restera comme l’une des sessions les plus contrastées de ces dernières années : plus de candidats, mais moins d’admis. Un paradoxe qui en dit long sur l’état actuel de l’enseignement à Madagascar.
Ravo Andriantsalama