Entretien avec le professeur David Olivaniaina Rakoto, économiste.
« L’ouverture des chambres de commerce reste une aubaine pour un pays comme Madagascar », affirme d’emblée le professeur en économie David Olivaniaina Rakoto lors d’un entretien accordé à Studio Sifaka. À la suite de l’inauguration récente de nouvelles chambres de commerce, notamment avec le Japon et la Russie, il revient sur les enjeux et les perspectives qu’elles offrent à l’économie nationale.
Un levier pour attirer les investisseurs
Selon l’économiste, toute ouverture commerciale représente un avantage potentiel, à condition que le pays sache en tirer profit. « Le commerce international fonctionne comme les relations humaines : chacun cherche son intérêt. La question est de savoir si, dans la négociation, nos intérêts nationaux priment ou si nous cédons trop facilement aux autres », explique-t-il.
La création de chambres de commerce constitue ainsi un signal fort de volonté de coopération. « Sans ces structures, c’est à nous de courir après les investisseurs. Pour un pays en développement comme Madagascar, elles jouent un rôle de vitrine et de garantie. Elles facilitent la venue des capitaux étrangers et permettent un dialogue plus direct sur leur utilisation dans notre économie », poursuit-il.
Négocier d’égal à égal ?
Interrogé sur la capacité de Madagascar à discuter sur un pied d’égalité avec des puissances comme le Japon ou la Russie, le professeur se montre confiant : « Bien sûr que nous en sommes capables. Nous ne sommes pas naïfs. Nous pouvons calculer nos bénéfices et défendre nos intérêts. Tout dépend de la qualité de nos décideurs et de leur vision stratégique. »
Le cas du Japon : une opportunité encore sous-exploitée
Pour l’universitaire, l’ouverture d’une chambre de commerce avec le Japon devrait particulièrement renforcer les investissements nippons. « Jusqu’ici, la présence des investisseurs japonais est restée timide, alors que le pays dispose d’énormes ressources. Cette chambre doit nous permettre de mieux capter les retombées de la coopération économique avec Tokyo. »
L’intérêt de ces structures dépasse d’ailleurs la seule venue d’investisseurs étrangers. Elles peuvent également inciter les opérateurs nationaux à investir à l’international. « Il ne faudrait pas que les Malgaches se limitent à la France ou aux États-Unis. Avec ces chambres consulaires, ils disposent d’un relais pour se tourner vers de nouveaux marchés comme le Japon ou la Russie », souligne l’économiste.
Des bénéfices à long terme
Au-delà des flux financiers, l’économiste insiste sur d’autres retombées : « Les chambres de commerce favorisent aussi le transfert de technologie et les échanges culturels. Cela peut aider à corriger certaines pratiques ou traits culturels qui freinent encore notre développement. »
Toutefois, il met en garde contre toute illusion de résultats immédiats. « L’impact réel ne se mesure pas du jour au lendemain. Il faut plusieurs années, et surtout une politique économique cohérente pour transformer ces ouvertures en bénéfices concrets pour la population. »
Ravo Andriantsalama