La 7ᵉ édition de la Foire Internationale de l’Agriculture et de la Pêche (FIA) bat son plein au CCI Ivato jusqu’à dimanche. Bien plus qu’une simple vitrine de produits et d’innovations, l’événement met en avant une réalité encore trop peu visible : l’émergence d’une jeunesse rurale ambitieuse, mais en quête d’accompagnement.
Olivia, un visage de cette nouvelle génération
Parmi ces jeunes qui osent, Randriamanjato Olivia Cynthia. Originaire de Bongolava, elle dirige PROCEMA, une entreprise semencière spécialisée dans le riz et le maïs. Son parcours témoigne des défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs ruraux.
« Nous commençons par cultiver les semences, nous les traitons, elles passent ensuite par des tests de contrôle. À ce stade, nous collaborons avec le secteur public et privé pour obtenir des semences sélectionnées et certifiées, conformes aux normes. Mais nous débutons encore dans ce secteur : il nous faut beaucoup de soutien, en renforcement de capacités, en débouchés, en techniques de production… Même au niveau matériel, nous devons encore emprunter un tracteur. Notre souhait, c’est de devenir totalement autonomes », confie la jeune entrepreneure.
Des obstacles persistants
Comme elle, beaucoup de jeunes ruraux veulent franchir le cap de la professionnalisation. Mais le manque de moyens financiers, techniques et logistiques reste un frein majeur. « La volonté existe, mais sans appui structuré, ces jeunes risquent de plafonner », observe un visiteur du salon.
PROGRES, un levier d’accompagnement
C’est justement pour répondre à ces besoins qu’a été lancé le programme PROGRES (renforcement de l’entrepreneuriat durable et soutien à l’insertion économique des jeunes ruraux), sous l’égide du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage.
« Les jeunes ne sont pas seuls, ils peuvent choisir un domaine, comme l’élevage de poissons ou de poulets, et nous les soutenons. Le soutien n’est pas forcément individuel : ils peuvent se regrouper en entreprise, qui sera ensuite accompagnée financièrement. Certains n’ont rien au départ : nous les aidons même à créer leur propre entreprise », explique Razaorialisoa Ophira, responsable en passation de marché au sein du programme.
Une ambition nationale
Avec une implantation dans 12 régions du Sud et 40 districts, de la Haute Matsiatra à l’Androy en passant par l’Anosy, le programme se fixe des objectifs à la hauteur de l’urgence : créer 50 000 emplois et former 75 000 jeunes d’ici 2031.
Un pari ambitieux, mais nécessaire. Car comme le montre la FIA 2025, l’avenir de l’agriculture et de la pêche à Madagascar passera inévitablement par l’énergie, la créativité et la résilience de sa jeunesse rurale.
Ravo Andriantsalama et Nour Nandrasana