Madagascar se prépare à une nouvelle évaluation par le Groupe d’Action Financière (GAFI), l’organisme international chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cet examen, qui a lieu tous les quatre ans, est prévu pour le premier semestre 2026. Afin d’anticiper cette échéance, le Service de Renseignements Financiers (SAMIFIN) organise cette semaine un atelier d’auto-évaluation.
Un objectif ambitieux
Lors du précédent examen en 2022, Madagascar avait obtenu la note de 29/40. Cette fois-ci, l’objectif affiché est de porter ce score à 36/40, selon le directeur général du SAMIFIN. Un objectif jugé atteignable, le pays ayant déjà mis en œuvre plusieurs mesures exigées par le GAFI. Parmi elles figure la mise en place d’un système centralisé de collecte et de conservation des données et statistiques relatives au blanchiment. Parmi les priorités, le SAMIFIN met en avant la lutte contre les sociétés illégales ou non déclarées, en particulier les structures offshore utilisées comme sociétés écrans.
Transparence sur les bénéficiaires effectifs
Un dispositif spécifique a été instauré pour identifier les « bénéficiaires effectifs », c’est-à -dire les personnes physiques qui contrôlent réellement une société.
« Autrefois, une fois que l’argent sortait du pays, il devenait impossible de remonter jusqu’au véritable propriétaire, car la société qui avait transféré les fonds disparaissait. Aujourd’hui, un système a été mis en place au niveau de l’administration fiscale. D’ici la fin de l’année, les données sur les bénéficiaires effectifs devraient être disponibles. Toute société qui ne les déclarera pas sera immédiatement sanctionnée », explique un responsable du SAMIFIN.
Application stricte des sanctions
Si le renforcement du cadre légal est salué, l’application effective des lois reste un critère central dans l’évaluation du GAFI. « Les sanctions contre les entreprises qui ne respectent pas les règles de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme existent déjà . Mais il faut démontrer que ces sanctions sont réellement appliquées. Si des institutions comme les banques ou les notaires ne sont pas conformes, le système reste perçu comme favorable au blanchiment », souligne un autre responsable.
D’ici 2026, Madagascar devra donc prouver non seulement qu’elle dispose d’un arsenal juridique solide, mais surtout que les règles sont appliquées de manière rigoureuse et transparente.
Ravo Andriantsalama