Incompréhension, indignation et colère intériorisée se sont mêlées pour provoquer les évènements d’aujourd’hui. Un soulèvement populaire digne de 1972, 1991, 2002 et 2009 s’est déroulé ce jour dans plusieurs grandes villes du pays. La raison : les délestages d’électricité et les coupures d’eau incessantes. Entre ferveur populaire et débordements excessifs, la journée a été particulièrement mouvementée.
Un fait inédit. Du moins pour ceux nés après le soulèvement de 1991 et la prise de pouvoir par la force contre le régime socialiste de l’amiral Didier Ratsiraka. La manifestation du 25 septembre contre les délestages et les coupures d’eau a tenu toutes ses promesses, malgré le rejet de la demande d’autorisation de manifester par les autorités. De l’énergie d’une jeunesse ignorée au mécontentement généralisé de la population, le mouvement a quelque peu dégénéré. Des magasins ont été pillés, des domiciles d’hommes et de femmes d’État incendiés. La génération Z et un peuple insatisfait ont pris la rue de force.
Tôt le matin, vers 10 heures, les premières bombes lacrymogènes ont commencé à retentir du côté d’Analakely, en plein centre-ville. Elles ont été suivies par la montée des étudiants de l’Université d’Antananarivo qui, après quelques minutes de marche, sont arrivés à Antsahabe un quartier limitrophe pour rejoindre le centre-ville. C’est là qu’ils ont été confrontés aux forces de défense et de sécurité et aux fameuses bombes lacrymogènes.
Débordements
En parallèle, Faravohitra, Ambondrona, Tsaralalà na et d’autres quartiers du centre-ville ont été pris d’assaut par les manifestants. Ces foyers de tension ont duré plusieurs heures avant que la situation ne se calme légèrement vers 16 h 30. Mais à la tombée de la nuit, les évènements ont pris une toute autre tournure. C’est à ce moment que les pillages ont commencé. Le quartier commercial du Tana Waterfront à Ambodivona et le China Mall Ankazomanga ont été la cible d’individus profitant du désordre.
Quelques heures auparavant, l’une des maisons de la sénatrice Lalatiana Rakotondrazafy, située à Ampasanimalo, avait été pillée puis incendiée. Celle du député élu dans le district de Tana VI, Naivo Raholidina, à Ambatomaro, a subi le même sort. Biens personnels, matériels et véhicules ont été détruits par les flammes. Au moment de la rédaction, la manifestation se poursuivait encore dans plusieurs quartiers d’Antananarivo.
Face aux débordements, la génération autoproclamée « Z » a publié sur sa page Facebook qu’elle n’avait rien à voir avec les pillages survenus dans divers quartiers de la capitale en début de soirée. Les autorités, par l’intermédiaire de l’organe mixte de conception national (OMC Nat) décrète le couvre-feu entre 19 heures du soir et 5 heures du matin dans la capitale et ses périphéries. En parallèle, d’autres villes de la Grande Île ont également pris part aux manifestations. Antsirabe, Mahajanga, Antsiranana et d’autres grandes agglomérations ont connu des mouvements virulents.
Ravo Andriantsalama