Il y a deux ans, 105 mégawatts d'energie arrive à Toamasina. De même, un parc solaire de 50 mégawatts arrive à bon port. Pourtant, les problèmes d’électricité persistent. Face à cette situation et au soulèvement populaire de ces derniers jours, le président de la République a réagi : le ministre de l’Énergie est limogé à compter de cette nuit.
« Le ministre de l’Énergie n’a pas su accélérer le processus. » Ce sont les mots du président de la République, ce soir, sur la chaîne nationale. Andry Rajoelina s’est exprimé au lendemain des événements tragiques d’hier. Compassion envers ceux qui ont perdu des proches ou des biens de valeur lors de cette nuit noire, condamnation des pilleurs et des gros bras, solidarité avec les jeunes qui revendiquent leurs droits. Mais surtout, accusations contre l’opposition, tenue pour responsable de la manipulation des revendications de la Génération Z.
Aux grands maux les grands remèdes : le locataire d’Iavoloha prend une mesure radicale pour tenter d’apaiser la tension actuelle. Le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean Baptiste, est démis de ses fonctions. Andry Rajoelina a été clair : « Toute responsabilité implique un devoir de redevabilité. C’est pourquoi j’ai décidé aujourd’hui de suspendre le ministre de l’Énergie de ses fonctions. Autrement dit, nous limogeons ce jour le ministre de l’Énergie », a-t-il déclaré.
Le président a assuré les jeunes qu’il était prêt à dialoguer avec eux, à les écouter et à prendre des mesures concrètes pour trouver des solutions durables aux problèmes d’électricité et d’eau. Il a reconnu des retards dans l’action gouvernementale, tout en rappelant que les délestages ne datent pas d’hier mais remontent à 2004, un héritage dont son équipe cherche aujourd’hui à sortir le pays.
Instrumentalisation de mouvement
En revanche, le chef de l’État a dénoncé la récupération politique des manifestations par certains acteurs, accusés d’avoir instrumentalisé les revendications légitimes des jeunes pour servir leurs propres intérêts. Selon lui, des bandes auraient même été recrutées pour semer le désordre, dans une logique de déstabilisation qui s’apparenterait à une tentative de coup d’État. Il a fustigé l’incitation à la haine et la confrontation, qui ne constituent pas une solution mais visent uniquement, selon ses termes, à satisfaire des ambitions personnelles.
Le président a ensuite lancé un appel aux forces armées dont il est le chef suprême : « J’en appelle aux forces armées à ne pas baisser les bras face aux événements en cours. Je tiens toutefois à les remercier pour les actions déjà menées afin de rétablir rapidement l’ordre public », a-t-il déclaré, comme pour inviter au calme avant son retour.
Avant de conclure, Andry Rajoelina a annoncé qu’il tiendrait prochainement une émission spéciale pour exposer les solutions envisagées face aux problèmes d’énergie et d’eau, ainsi que les délais prévus pour les travaux. Comme à son habitude, il a terminé sur des promesses de solutions pérennes pour les générations futures. La question demeure toutefois : quelle sera la réaction des manifestants et de l’opinion publique après ce discours et ce limogeage de Jean Baptiste Olivier ?
On se souvient que l’ancien ministre des Transports, Valéry Ramonjavelo, n’a toujours pas été remplacé plusieurs mois après son départ. Quoi qu’il en soit, les élus de l’opposition ont déjà appelé les manifestants à se rassembler demain à 11 heures à Ambohijatovo. La Génération Z autoproclamée prévoit également de se mobiliser, cette fois à Ankatso, selon les informations disponibles.
Ravo Andriantsalama