Les coupures d’électricité ont rallumé la flamme de la contestation étudiante. Ce samedi, plusieurs centaines d’étudiants de l’Université d’Antananarivo ont manifesté à Tsiadana. L’événement a rapidement dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre, rappelant les grandes mobilisations de 1972.
Manifestation estudiantine. C’est la traduction la plus fidèle des évènements de ce vendredi du côté de Tsiadana, près de l’Université d’Antananarivo. Vers 10 heures du matin, plusieurs centaines d’étudiants, qui s’autoproclament « génération Z », se sont rassemblés dans l’enceinte de l’Université d’Ankatso pour discuter de la stratégie de la journée. Après plusieurs minutes de débats animés, ils décident de descendre dans les rues pour rejoindre la place de la Démocratie à Ambohijatovo.
Aux environs de 11 heures, les manifestants se retrouvent face aux forces de l’ordre, prêtes à dégainer et à lancer les premières grenades lacrymogènes. Après une brève discussion entre représentants des étudiants et autorités, les explosions assourdissantes retentissent. Les étudiants se dispersent. Quelques minutes plus tard, les 4x4 de la Croix-Rouge arrivent sur place pour évacuer les blessés.
Rapidement, la rumeur circule : Justin, un étudiant qui avait participé aux négociations avec les forces de l’ordre, aurait été arrêté. Dans l’après-midi, des camarades affirment qu’il a bel et bien été embarqué dans un véhicule des forces de l’ordre après son échange avec le colonel Tojo Raoelijaona, de la gendarmerie nationale.
Mikolo, le héros des réseaux
Sous l’effet des gaz lacrymogènes, les étudiants reculent, mais ne cèdent pas. Vers 14 heures, une nouvelle altercation éclate violemment à Tsiadana, pas loin du lieu de la précédente, entre les forces de l’ordre et les manifestants. Les jets de pierres se multiplient, tandis que l’air devient irrespirable à cause des gaz.
C’est alors qu’un étudiant, refusant de battre en retraite, s’avance seul et exprime haut et fort ce qu’il a sur le cœur. Les journalistes se précipitent vers lui. L’émotion prend le dessus lorsqu’il s’adresse directement au colonel Tojo Raoelijaona : « Nous, la Génération Z, ne sommes pas violents. Nous n’avons rien à voir avec les pilleurs. »
Les vidéos de cette scène, relayées par les journalistes et sur les réseaux sociaux, deviennent virales. Mikolo, le jeune étudiant, est propulsé au rang de symbole et de héros sur Facebook.
Les affrontements se poursuivent jusqu’aux environs de 16 h 30. À la fin de la journée, les étudiants publient une déclaration exigeant la libération de leurs camarades arrêtés. Vers 19 heures, ceux qui résident dans les cités universitaires d’Ankatso menacent de durcir leur mouvement si leurs camarades ne sont pas libérés rapidement.
Ravo Andriantsalama