Christian Ntsay, resté plus de six ans à la tête du gouvernement malgré les contestations, a finalement été limogé par Andry Rajoelina. Le président de la République justifie sa décision par un manquement aux devoirs envers la population.
Plus longtemps en poste que le président de la République lui-même, et survivant à plusieurs tentatives de motion de censure, le Premier ministre Christian Ntsay vient d’être démis de ses fonctions, tout comme le gouvernement qu’il dirigeait. Nommé à la fin du mandat du président Hery Rajaonarimampianina en 2018, Ntsay s’était maintenu au pouvoir malgré la colère populaire, alors que les ministres changeaient fréquemment depuis le début du premier mandat d’Andry Rajoelina. Finalement, c’est un mouvement de jeunes qui a eu raison de son long séjour à Mahazoarivo.
Lors d’une intervention sur la chaîne nationale, le chef de l’État a reconnu que lui et son équipe avaient failli à écouter les « cris du peuple ». Il a expliqué que cette défaillance justifiait la dissolution du gouvernement conduit par Christian Ntsay. « C’est vrai que certains membres du gouvernement n’ont pas répondu aux attentes du peuple, et je m’en excuse. Il se peut que nous n’ayons pas entendu vos alertes, ou même que nous n’ayons pas voulu les entendre. C’est pour cela que j’ai décidé de démettre le Premier ministre et son gouvernement de leurs fonctions », a déclaré Andry Rajoelina.
« à l’écoute du peuple »
Le président a annoncé que le nom du futur Premier ministre serait connu dans les trois jours à venir. Une fois nommé, ce dernier disposera d’un délai pour former une nouvelle équipe. Le futur cabinet devra, selon Andry Rajoelina, se concentrer sur les besoins fondamentaux de la population. Le chef de l’État a également invité les jeunes à postuler aux postes ministériels en envoyant leurs CV.
Avec cette décision choc, le microcosme politique entre en ébullition : les partisans du pouvoir peuvent y voir une occasion de gravir les échelons dans la pyramide des « oranges ». De l’autre côté, l’opposition, qui s’identifie depuis le début des manifestations comme alliée des jeunes, observe la situation. La question reste de savoir si la décision du président permettra d’apaiser les tensions et de calmer la colère des manifestants pour ramener le calme et la tranquillité publique.
Ravo Andriantsalama