Les manifestations contre les coupures d’eau et d’électricité ont connu ce jour une répression plus violente. Manifestants, journalistes et simples passants ont été victimes des interventions musclées des forces de l’ordre dans la capitale, notamment à Ambohijatovo.
Manifestants, pilleurs et journalistes. Tous ont été victimes des violences « légales » de certains éléments des forces de l’ordre déployés pour stopper les mobilisations dans plusieurs villes du pays, surtout dans la capitale, depuis le début des manifestations jeudi. Aujourd’hui, la brutalité des coups portés par ces forces contre les manifestants a atteint un niveau inédit. Bien qu’ils aient laissé entrer en milieu d’après-midi les contestataires venant du Sud d’Antananarivo sur la place de la démocratie à Ambohijatovo, la demande d’accès à la place de l’Indépendance a suffi pour que les hommes en uniforme déploient leur arsenal.
Bombes lacrymogènes, grenades assourdissantes, balles en caoutchouc et autres armes coercitives ont été utilisés. Les dégâts du côté des manifestants sont lourds. Vers 16 heures, une jeune femme s’est effondrée à Ambohijatovo, victime des jets incessants de grenades lacrymogènes et assourdissantes lancées par les forces de défense et de sécurité, majoritairement composées de gendarmes. Restée inconsciente malgré les gestes de premiers secours des personnes présentes, elle a été pris en charge plus tard à l’arrivée d’une ambulance escortée par les sapeurs-pompiers de la ville.
Quelques minutes plus tard, une femme âgée s’est à son tour évanouie sous l’effet des gaz. Comme pour la première victime, ce sont les pompiers qui l’ont transportée sur un brancard vers une ambulance et les centres de soins. D’autres personnes ont également été blessées au cours de la journée. Le changement brutal de comportement des forces de l’ordre a surpris plus d’un. Dans un premier temps, elles se contentaient d’escorter les manifestants jusqu’à Ambohijatovo, avant de charger violemment la foule à coups de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
Bavures
Au-delà de la répression des manifestants, des violences contre les journalistes ont aussi été constatées, depuis quelques jours, des violences au grand jour, devant les caméras. Mais celles de cet après-midi ont dépassé les bornes. Après avoir repoussé les contestataires, les forces de l’ordre ont regagné la place stratégique d’Ambohijatovo. . C’est à ce moment qu’un élément du Groupement de sécurité et d’intervention spéciale (GSIS) s’en est pris à un jeune journaliste qui couvrait la scène. Muni de son gilet et de son matériel d’enregistrement, il affirme avoir été agressé par ce membre des forces de sécurité.
Choqués, les journalistes présents ont immédiatement cessé de couvrir la manifestation et se sont dirigés le chef des forces de l’ordre sur place, pour demander des explications. Mais leur demande est restée sans réponse.
Après quelques minutes de dialogue unilatéral avec des policiers, gendarmes et militaires silencieux, la présidente de l’Ordre des journalistes de Madagascar, Monica Rasoloarison, est arrivée sur les lieux. Jusqu’à notre départ, vers 18 h 15, aucun responsable des forces de l’ordre n’était venu. La présidente de l’OJM a dénoncé des violences inacceptables : « Si la seule solution pour garantir la sécurité des journalistes est de descendre dans les rues, nous le ferons », a-t-elle lancé.
Ravo Andriantsalama