Après les étudiants et les jeunes, d’autres voix s’apprêtent à se joindre aux contestations. Artistes, influenceurs, société civile et même journalistes annoncent leur possible entrée dans l’arène, promettant de donner une nouvelle dimension au mouvement.
Les manifestations pourraient bientôt prendre une toute autre tournure. Depuis le début, les étudiants, les jeunes et une partie de la population en colère étaient les principaux protagonistes de la contestation. Désormais, la roue pourrait tourner. Artistes, influenceurs, organisations de la société civile et même journalistes risquent de rejoindre les rangs des manifestants, si l’on en croit les dernières communications. Ces nouveaux acteurs, forts de leur notoriété et de leur influence sur l’opinion publique, pourraient faire basculer l’équilibre du mouvement.
Hier, 257 organisations de la société civile malgache ont signé conjointement un communiqué appelant à une solution radicale et durable contre l’injustice et la corruption. Elles annoncent leur intention de descendre dans les rues et exhortent les citoyens à les suivre. « Nous réaffirmons notre engagement indéfectible et lançons un appel, à partir de ce jour, à toutes les OSC malagasy ainsi qu’à tous les citoyens de toutes les régions à participer activement et à être solidaires des manifestations pacifiques pour un changement radical, dans l’intérêt supérieur de la nation », précise le communiqué.
Excuses publiques
De leur côté, les journalistes s’indignent des agressions commises ces derniers jours par certains éléments du Groupement de sécurité et d’intervention spéciale (GSIS) sur des reporters sur le terrain. Après avoir porté plainte auprès du tribunal d’Antananarivo, l’Ordre des journalistes de Madagascar (OJM), par la voix de sa présidente Monica Rasoloarison, exige des excuses publiques de la part des responsables du groupement. Elle souligne que, si aucune garantie de sécurité n’est apportée aux professionnels des médias, il est possible que les journalistes prennent part aux manifestations. Leur abstention dépendra donc de l’issue de leur requête et de la présentation d’excuses officielles.
Enfin, pas plus tard que ce matin, une dizaine d’artistes se sont regroupés pour exprimer publiquement leur soutien aux revendications de la jeunesse. Plusieurs d’entre eux avaient déjà été aperçus dans les rues ces derniers jours, mais cette fois-ci, ils ont fait une déclaration commune. Représentés par Théo Rakotovao, porte-parole du jour, les artistes ont demandé l’autorisation d’organiser un rassemblement à Ambohijatovo et sur la place du 13 mai. « Si vous avez aimé et approuvé notre art et notre musique, il est logique que vous nous accordiez l’autorisation de nous réunir dans ces deux lieux mythiques », a déclaré l’artiste originaire des Mikea. La date de ce regroupement n’a toutefois pas encore été révélée.
À noter que l’adhésion de ces nouveaux partisans ne signifie pas qu’ils portent tous les mêmes revendications. Tandis que la société civile et les artistes se mobilisent contre « l’injustice et la corruption », aggravées par les délestages et les coupures d’eau, les journalistes réclament avant tout davantage de garanties de sécurité de la part des autorités lors des manifestations.
Ravo Andriantsalama