Entre fermetures, ventes écourtées et dispositifs de sécurité improvisés, les commerçants de la capitale tentent tant bien que mal de s’adapter aux manifestations qui bouleversent leur quotidien.
Depuis près d’une semaine, les manifestations citoyennes perturbent le quotidien des habitants de la capitale. Travail, déplacements, études : rien n’est épargné. Dans les quartiers commerçants de Behoririka et d’Analakely, la situation reste particulièrement tendue.
À Behoririka, toutes les boutiques ne sont pas ouvertes. Et celles qui décident de poursuivre leurs activités le font avec une extrême prudence. Elio, vendeur de vêtements de confection, explique : « Nous venons tout juste de commencer à vendre aujourd’hui. Notre magasin n’est pas vraiment ouvert ; seule une petite porte est entrouverte. Les clients ne rentrent pas à l’intérieur mais passent leurs commandes à l’extérieur. »
Pour renforcer la sécurité, des agents privés, recrutés par les propriétaires, se postent devant les immeubles et à différents coins de rue. Les aides-magasiniers, eux aussi, montent la garde pour protéger les stocks et décourager toute tentative de pillage.
Sous pression
À Analakely, les marchands de rue, eux, tentent de sauver ce qu’ils peuvent. Ils installent leurs étals dès l’aube pour espérer vendre un maximum avant 11 heures, heure à laquelle les mesures de sécurité les obligent à plier bagage. Un vendeur de cosmétiques témoigne :
« On arrive à peine à vendre quelque chose pendant cette heure. Ensuite, les routes sont complètement bloquées. »
Ces commerçants ambulants se sentent particulièrement vulnérables. En cas d’émeute, ils n’ont ni refuge, ni espace sécurisé pour protéger leurs marchandises.
D’autres préfèrent rester fermés, redoutant de plus grandes pertes. C’est le cas d’une boutique d’accessoires pour bébé : « Pour le moment, nous ne vendons pas encore. Notre patron a peur d’ouvrir la boutique. »
Dans ce climat d’incertitude, les vendeurs admettent que leurs horaires de travail comme leurs revenus restent totalement imprévisibles. Mais malgré tout, les commerçants assurent maintenir les prix de leurs produits.
Mahazo Riantsoa et Ravo Andriantsalama