La semaine dernière, une page d’information malgache a affirmé que le Népal traverse actuellement une grave crise. Selon cette publication, plus de 72 personnes auraient été tuées et près de 2 000 blessées lors des manifestations contre le régime en place. Le coût de la vie aurait triplé et les relations avec l’Inde auraient été rompues, provoquant des tensions économiques inédites dans l’histoire du pays.
Le post établit aussi un parallèle avec Madagascar, évoquant des centaines d’emplois perdus en seulement sept jours, du 25 septembre au 2 octobre, et plus de 20 milliards d’ariary de pertes pour les entreprises privées. Il parle également d’une hausse possible de 20 à 50 % des prix des produits de première nécessité et d’une baisse du cours de l’ariary due au retrait massif d’argent liquide dans les banques.
En résumé, la publication suggère que Madagascar pourrait connaître le même scénario de crise socio-économique que le Népal.
Des dégâts économiques bien réels au Népal
Les manifestations de la Génération Z au Népal ont bien eu des conséquences économiques immédiates. Le journal The Kathmandu Post rapporte que les économistes estiment les pertes à près de 3 000 milliards de roupies, soit environ la moitié du PIB national. Ces pertes concernent notamment les dommages causés aux infrastructures publiques et privées ainsi qu’à des documents officiels détruits.
De son côté, l’Hotel Association Nepal, qui représente le secteur hôtelier du pays, a déclaré que ce secteur avait déjà subi environ 25 milliards de roupies de pertes à cause des troubles.
La corruption, un fléau bien plus coûteux
Malgré tout, plusieurs experts affirment que ces pertes restent minimes face à celles causées par la corruption. Le président de Transparency International Népal, Madan Krishna Sharma, estime que plus de 300 milliards de roupies ont été perdus à cause de la corruption entre 2024 et 2025. Environ 150 milliards de roupies auraient été blanchis à l’étranger, souvent dans des comptes offshore appartenant à des responsables politiques.
Une revue économique népalaise, The Economic Journal of Nepal (Vol. 40), avait déjà publié une étude montrant que la corruption freine depuis longtemps la croissance économique du pays, notamment entre 2004 et 2017.
Des similitudes avec Madagascar
Sur plusieurs points, la situation du Népal rappelle celle de Madagascar. Dans les deux pays, les mouvements de la Génération Z ont conduit à la chute du gouvernement et provoqué des dommages économiques importants.
À Madagascar, le président Andry Rajoelina a annoncé, lors de la nomination du nouveau Premier ministre, près de 200 milliards d’ariary de pertes liées aux pillage et au vandalisme, ainsi que 2 000 emplois directs supprimés et de nombreuses annulations de réservations d’hôtels à cause de l’instabilité.
Dans les deux cas, les nouveaux gouvernements disposent de six mois pour redresser la situation. Leur réussite dépendra surtout de leur capacité à mener des réformes profondes et à proposer des solutions durables sur les plans économique et social. Sauf qu’à Madagascar, le mouvement n’a pas encore dit son dernier mot, et de nouveaux groupes continuent de rejoindre la mobilisation.