Le président Andry Rajoelina a nommé hier soir le Général de division Ruphin Fortunat Zafisambo au poste de Premier ministre. Un choix qui intervient dans un contexte tendu et qui, pour certains observateurs, marque un virage stratégique vers une gouvernance sous l’influence de l’armée.
Un clin d’œil ou un geste anodin ?
Hier soir, au palais présidentiel d’Iavoloha, le président Andry Rajoelina, entouré des députés de la majorité, a annoncé le nom du nouveau Premier ministre, chef du gouvernement. Le Général de division Fortunat Zafisambo Ruphin, officier général de l’armée, succède ainsi à Christian Ntsay en tant que numéro un de l’administration.
Une décision stratégique et mûrement réfléchie par le locataire d’Iavoloha, dont la position est actuellement contestée par des mouvements de rue.
Dans ce climat de tension, la nomination d’un militaire à la tête du gouvernement est perçue par certains comme un signe fort : celui d’une volonté d’assurer le soutien de l’armée dans la bataille politique que mène le président pour achever son second mandat.
Cette nomination intervient également après que le groupe parlementaire majoritaire à l’Assemblée nationale, l’IRMAR, a proposé de céder le privilège de soumettre seul des noms au chef de l’État. Une démarche aussitôt rejetée par l’opposition, qui a refusé de participer à la réunion consacrée à la sélection des candidats. Cette absence fragilise, dans une certaine mesure, la légitimité du nouveau locataire de Mahazoarivo.
Pressions
De son côté, Andry Rajoelina a exprimé ses félicitations et ses encouragements au nouveau chef du gouvernement. Il lui a souhaité de « remplir avec dignité et détermination la mission sacrée que le peuple malgache attend de lui ». Le chef de l'État a affirmé placer toute sa confiance en ce dernier pour « redresser et améliorer le fonctionnement du gouvernement » et « apporter un souffle de renouveau ».
Mais la pression est immédiatement posée. Le président a donné un délai de six mois au nouveau Premier ministre pour faire ses preuves s’il souhaite rester en poste : « Comme la population a besoin de visibilité, un plan d’action de six mois sera mis en place. Si les objectifs fixés sont atteints, vous poursuivrez le travail. Dans le cas contraire, nous prendrons les décisions qui s’imposent », a-t-il déclaré.
Le président Rajoelina a aussi appelé le nouveau Premier ministre à se montrer « ferme et intransigeant envers ceux qui entravent le développement du pays ». Il a donné des instructions précises : « la purification de l’administration publique » et « l’éradication de la corruption qui gangrène la nation ». Enfin, il a rappelé que Madagascar reste une patrie commune et précieuse, et que « notre objectif commun demeure le développement de notre île bien-aimée ».
Ravo Andriantsalama
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