Le président Andry Rajoelina a convié hier à Iavoloha citoyens et différents opérateurs pour un dialogue inédit. Mais la rencontre, pourtant historique, s’est terminée plus tôt que prévu, sur fond de tensions et de soupçons d’une mise en scène politique.
Hier, des jeunes, des sportifs, des entrepreneurs, des étudiants, et même quelques compatriotes issus de la diaspora ont rempli la grande salle du palais présidentiel d’Iavoloha. Le chef de l’État a ouvert la séance par un bref discours avant de céder la parole aux centaines d’intervenants qui se sont succédé pour exposer leurs problèmes. C’est un fait inédit dans la vie politique malgache : un président échange directement avec le peuple. Mais si l’initiative se voulait novatrice, la rencontre a été loin d’être parfaite.
Les quatre thématiques proposées au début des discussions n’ont pas toutes été abordées. D’abord à cause des intervenants, souvent trop longs dans leurs propos, mais surtout parce qu’Andry Rajoelina a mis fin brusquement aux échanges vers 18 h 30, après plus de trois heures de débat. Au fil des interventions, le président s’est montré de plus en plus pressé, tant dans sa gestuelle que dans ses mots, avant d’interrompre soudainement la séance.
Mise en scène
Les soupçons de mascarade n’ont pas tardé à émerger. Plusieurs jeunes présents et ayant pris la parole auraient été des partisans de longue date du président, déguisés en simples citoyens. D’autres, qui n’ont pas eu le micro, reconnaissent être venus par simple curiosité.
Une jeune femme confie : « Franchement, je suis ici parce que je voulais voir l’intérieur du palais d’Iavoloha. Mais je suis contre le président Rajoelina. » Une autre participante explique : « Je suis venue pour entendre en direct les réponses aux revendications qu’on a déjà formulées. Avant, je militais sur les réseaux, mais maintenant, je veux entendre les solutions qu’il va proposer. »
En clôturant l’événement, le chef de l’État a précisé que cette rencontre n’était qu’une première étape. Une concertation nationale sera prochainement organisée avec le Conseil œcuménique des Églises chrétiennes (FFKM). Elle se tiendra au Centre de conférence international d’Ivato (CCI), à une date qui reste à déterminer.
Ravo Andriantsalama