Le pays bascule une nouvelle fois dans l’incertitude. Après plusieurs semaines de tensions et de manifestations, l’armée a pris le pouvoir hier, mettant fin au régime d’Andry Rajoelina. Une situation confuse où la seule institution maintenue est l’Assemblée nationale, désormais dominée par l’opposition.
La République est à terre. C’est le terme adéquat pour qualifier la situation politique actuelle du pays. Les événements se sont accélérés hier, donnant au mouvement une toute autre tournure. Dans la matinée, le désormais président déchu, Andry Rajoelina, a annoncé par décret la dissolution de l’Assemblée nationale. Une décision contestée par Siteny Randrianasoloniaina, vice-président de l’Assemblée nationale, pour vice de forme et de procédure. En réaction, les députés de la Chambre basse ont enclenché le vote d’une motion d’empêchement contre le chef de l’État. La motion a atteint le quorum avec le vote de cent trente et un députés sur les cent soixante-deux parlementaires. La question demeure toutefois quant à la légalité de ce vote, la chambre ayant été dissoute quelques heures plus tôt.
Quelques minutes après le vote à Tsimbazaza, le colonel Mickael Randrianirina du CAPSAT et ses soldats ont fait irruption au palais d’Ambohitsorohitra pour une déclaration qui allait bouleverser une fois de plus le cours des événements. Selon lui, l’armée prend le pouvoir et toutes les institutions de la République sont dissoutes, à l’exception de l’Assemblée nationale. Le Sénat, la Haute Cour de Justice (HCJ) et la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) tombent ainsi avec la République.
Cette déclaration a été accueillie avec enthousiasme par les manifestants du 13 mai, qui ont accompagné les militaires jusqu’à leur camp de Soanierana. Là , plusieurs officiers supérieurs de l’armée, dont le général Désiré Ramakavelo et le nouveau CEMGAM, le général Démosthène Pikulas, les attendaient. Dans sa déclaration à Ambohitsorohitra, le colonel Mickael a été reconnu comme chef d’État par la HCC dans la journée d’hier.
Chaos
Après l’euphorie provoquée par la chute d’Andry Rajoelina, la confusion commence à s’installer dans l’opinion publique, notamment sur la question de savoir qui dirige réellement le pays. Pour rappel, le colonel Mickael a annoncé la mise en place d’un Conseil de Défense Nationale de Transition (CDNT), chargé d’exercer les fonctions présidentielles. Ce conseil travaillera aux côtés du gouvernement, de l’Assemblée nationale maintenue et d’une Haute Cour pour la Rénovation, appelée à remplacer la Haute Cour Constitutionnelle.
Une autre question se pose : quelle sera la place des jeunes militants dans ce désordre institutionnel ? Bien que certains aient rejoint le camp du CAPSAT à Soanierana hier soir, rien ne garantit qu’ils aient une place dans la future administration. Selon les informations provenant de l’Assemblée nationale de Tsimbazaza — la seule institution maintenue par les militaires — un nouveau vote du bureau permanent doit avoir lieu aujourd’hui. Ce nouveau bureau sera sans doute dominé par les opposants au régime Rajoelina, d’autant plus que depuis hier, l’opposition a pris la main sur l’hémicycle, avec Siteny Randrianasoloniaiko désormais au perchoir.
Ravo Andriantsalama