C’est désormais officiel : le colonel Mickaël Randrianirina devient le président de la Refondation de la République de Madagascar. Il a prêté serment ce matin à la Haute Cour constitutionnelle d’Ambohidahy, en présence de plusieurs figures politiques ainsi que des diplomates étrangers en poste dans le pays. Il succède ainsi à Andry Rajoelina, récemment désavoué par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). Pourtant, l’accession du colonel à la plus haute fonction de l’État demeure entourée de quelques zones d’ombre.
« La priorité sera la résolution des problèmes socio-économiques du pays, tels que les coupures d’électricité et d’eau, ainsi que l’amélioration du quotidien social de la population », a déclaré le nouveau président dans son premier discours à Ambohidahy. Il a d’abord tenu à remercier l’armée et le peuple pour la tournure des événements, avant d’évoquer la nécessité de répondre aux revendications populaires. Il a ensuite précisé que la nomination du Premier ministre et des membres du gouvernement figure également parmi ses priorités.
« À court terme, nos efforts seront concentrés sur la résolution des problèmes qui touchent directement la population, tels que l’énergie, la santé et l’éducation. Nous organiserons aussi des ateliers inclusifs réunissant toutes les forces vives du pays afin d’élaborer une nouvelle Constitution et un nouveau code électoral. Pour garantir une gestion saine des finances publiques, nous adopterons une politique de rigueur budgétaire visant à limiter les dépenses non prioritaires », a-t-il ajouté. Son discours a été salué par une salve d’applaudissements dans une salle comble de la Haute Cour.
Le discours du président de la HCC, Florent Rakotoarisoa, a précédé celui du nouveau chef de l’État. Dans son allocution, il a adressé un message clair à l’ancien président Andry Rajoelina, l’invitant à cesser toute campagne de dénigrement de la Haute Cour constitutionnelle à l’étranger. « Nous lançons un appel respectueux à l'ancien président afin qu'il mette un terme à la campagne de dénigrement visant la HCC à l'étranger et auprès des instances internationales. Nous faisons appel à son patriotisme et espérons qu'il démontrera, par ses actes, son attachement à la nation », a-t-il déclaré.
Tensions diplomatiques et message à la communauté internationale
Sur le plan international, les premières sanctions commencent à tomber. Cette semaine, l’Union africaine a suspendu Madagascar de toutes ses activités à compter de la publication de son communiqué. De son côté, la SADC appelle à l’apaisement et au dialogue entre toutes les parties prenantes. Le secrétaire général des Nations Unies, dans un communiqué, s’est aligné sur la position de l’Union africaine, soutenant également le retour à la paix et à l’ordre constitutionnel.
En réponse à ces critiques, Florent Rakotoarisoa a lancé un message ferme à la communauté internationale et aux pays ayant qualifié les récents événements de coup d’État. « Où étiez-vous, s’est-il interrogé, lorsque la contestation populaire a dégénéré, provoquant des violences et des destructions ? Vous êtes restés silencieux. Mais dès que l’armée et la HCC ont pris leurs responsabilités pour rétablir l’ordre et mettre fin aux débordements, vous êtes revenus pour nous accuser, au nom de la démocratie et de l’État de droit. »
Le président de la HCC a insisté sur le respect de la légalité constitutionnelle. Selon lui, « aucune sortie du cadre de la Constitution n’a eu lieu », invitant les observateurs étrangers à lire attentivement la décision rendue par la Haute Cour ; décision qui, selon lui, a contribué, avec l’intervention de l’armée, à ramener le calme dans le pays.
Ravo Andriantsalama