La seconde session ordinaire du Parlement s’ouvre demain à Tsimbazaza dans un contexte politique tendu et inédit. Entre l’absence de bureau permanent, la vacance du poste de Premier ministre et la poursuite d’une session extraordinaire non close, cette nouvelle rentrée parlementaire s’annonce pleine d’incertitudes.
Demain marque, en principe, le début de la seconde session ordinaire à l’Assemblée nationale, à Tsimbazaza. Une session au cœur de toutes les attentions, alors que le pays traverse de nouvelles turbulences socio-politiques. Prévue pour durer soixante jours, cette session s’annonce inédite à plusieurs égards. La première particularité tient au fait que l’Assemblée nationale se trouve encore en session extraordinaire, non officiellement clôturée. Depuis la semaine dernière, les députés se réunissent en effet pour examiner une motion d’empêchement visant l’ancien président, Andry Rajoelina.
Deuxième particularité : la session qui s’ouvre demain se tiendra sans bureau permanent complet. Certes, le président de l’Assemblée a déjà été élu, mais les autres membres — les six vice-présidents, les trois questeurs et les deux rapporteurs généraux — n’ont pas encore été désignés. Le député d’Ambohidratrimo, Mamy Rabenirina, estime toutefois que cette situation ne doit pas bloquer l’ouverture des travaux. « Si jamais il n’y a pas encore de bureau permanent, il faudra bien trouver un moyen d’assurer l’ouverture de la session. C’est pendant cette séance que l’on organisera tout ce qui doit l’être »,
explique-t-il.
Ordre du jour
L’un des premiers points à traiter concernera donc le vote de l’ordre du jour.
Selon l’article 92 de la Constitution, « le Parlement examine le projet de loi de finances au cours de sa seconde session ordinaire ». Autrement dit, la majeure partie de ces soixante jours devra être consacrée à l’examen du projet de loi de finances initiale (PLFI). Problème : il n’y a toujours ni Premier ministre, ni gouvernement pour soumettre ce texte. La question se pose alors de savoir si l’administration de la Refondation de la République de Madagascar dispose déjà d’un PLFI à présenter aux députés.
Mamy Rabenirina affirme cependant qu’un ordre du jour sera voté demain : « Dans une situation exceptionnelle comme celle-ci, puisque nous avons déjà un nouveau président, s’il n’y a pas encore de bureau permanent à ses côtés demain, il reviendra à ce président d’assurer la convocation et la préparation de l’ordre du jour », souligne-t-il.
Il est également possible que les discussions sur les noms de premiers ministrables figurent dans cet ordre du jour. Jusqu’à présent, aucun Premier ministre n’a été nommé. Pourtant, selon l’article 54 alinéa 1 de la Constitution, « le Président de la République nomme le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée nationale ».
Or, depuis la dissolution de l’ancien bureau permanent, définir quel groupe parlementaire détient la majorité à Tsimbazaza devient complexe. En principe, l’IRMAR reste majoritaire, mais la destitution d’Andry Rajoelina et le revirement de certains députés “orange” ont fragilisé cette position. Quant au groupe Firaisankina de l’opposition, même s’il domine actuellement la Chambre basse, rien ne permet d’affirmer qu’il dispose du nombre requis de députés pour constituer une majorité et proposer un candidat au poste de Premier ministre.
Ravo Andriantsalama